Page 31 - regards d'un promeneur à paris
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« Petite prose au Luxembourg »



                                  Les arbres un peu penchés sur les allées du Luxembourg, protègent, sans vraiment les cacher, toute une rêverie de
                                  discours.


                                         Les mots avalés par la fumée de sa pipe, un vieil homme très digne, n’en finit pas de se faire l’exégète d’un
                                         peuple perdu, d’une civilisation passée, d’un derviche rédempteur, mais tout en promenant, il garde, et c’est très
                                         doux, sur ce murmure bougonnant, un indicible regard clair et vivant d’aimable humilité.

                                         Les paroles enflammées de jeunes à la juste révolte, mais tout de même un peu écartelés entre l’affirmation de
                                         ce qu’ils croient être la vérité, celle qui résume tout en quelques formules et mesure ton humanité à l’aulne de ta

                                         solidarité, et de l’autre coté les ombres tendres des arbres sur les pelouses encore vertes qui te tendent les
                                         bras, intimes accolades d’un bonheur qui pourrait naitre, là, juste vous deux, sans les autres.

                                         Plus loin c’est le babil des familles du quartier, ménageant autour du bassin un fouillis de taches
                                         impressionnistes, les voiles colorées des bateaux qui voguent, aventures fugaces sur le clapot bien élevé, le rire

                                         est accepté mais pas le chahut, ni s’amuser à éclabousser, et encore moins l’échauffourée… Cela ce sera pour
                                         plus tard, en remontant les marches vers l’entrée sise au mitan du Boulevard Saint Michel…




                                         Et puis bien sûr, à l’ombre des statues de marbre, les chaises de métal vert clair, entremêlent leurs jambes et se

                                         fondent dans le parterre, pour faire une balancelle, à nos mains qui se tiennent, à nos yeux qui attendent, à nos
                                         mots de poètes et à nos corps un peu fatigués mais tellement proches maintenant après cette longue
                                         promenade qui a débuté je ne sais plus quand mais ne s’arrêtera pas, en tout cas, tant que





                                  Les arbres un peu penchés sur une allée du Luxembourg, protègent, sans vraiment les cacher, toute une rêverie de
                                  discours.



  © Erick Gaussens Hillwater - 2023
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