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Grève en prose à Poulfoen





                                    Là-bas,  tout  au  fond,  peut  être  à  l’horizon,  remontent  des  embruns.  Dans
                                    le sable mes pieds se perdent. Je marche sur la grève dans l’espoir un peu

                                    vain de ressentir la force et le mystère marin. Mes oreilles sont pleines du
                                    ressac. Mes yeux suivent entre houle et dune, cet aplat de varech qui fuit
                                    plus loin au-delà du lointain. Je marche sur la grève, une rime facile tourne en

                                    ritournelle : la grève du rêve, le rêve sur la grève, elle finit par se confondre
                                    avec la brise qui se lève, assourdit mes songes, et c’est le rêve en grève. Une


                                    petite bourrasque un peu salée me fouette, je me réveille, la brume confuse

                                    qui endormait mes songes se dissipe sans faillir comme la mer se retire. Les

                                    nuages gris sont toujours là près de l’horizon, mais pour l’instant je souris à
                                    l’écume blanche qui ravive les algues de la mer encore bleue. Un jour peut-être


                                    je comprendrais cette force intime et en même temps partagée, que le sable


                                    et les dunes, l’océan et les algues nous transmettent depuis la nuit des temps.
                                    Un jour peut-être je comprendrais, ou pas, est-ce si important au fond ? mon
                                    cœur, mes sens et mon corps eux ont compris, juste il me faut les entendre.












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