Page 183 - 2 Quartiers de reves a partager Erick Gaussens 2024_Neat
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« Un livre sur un banc »





                                            Préambule

                                            Parfois on se dit la frontière impossible.                                  Mais aux Buttes Chaumont, comme ailleurs,


                                            On sait sa présence, on sait sa rigueur.                                    le monde Poésie est un territoire étranger.

                                            Au-delà, il y a tant de lumières et de fleurs,                              Souvenirs d’école, impressions mélangées :

                                            qu’on veut la croire transparente, invisible.                               « ce n’est pas pour moi, j’en ai un peu peur ».

                                            Développement

                                            Sur un banc un livre abandonné,                                             Franchir le seuil, enjamber la barrière


                                            les oiseaux vont-ils le picorer ?                                           Se pencher et ouvrir le livre de poésies

                                            Pas sûr qu’ils aient de l’appétit                                           Mettre un pied dans ce mystérieux pays :

                                            pour un recueil de poésies !                                                « Non je ne peux pas, haute est la frontière. »


                                                                                                                        Le chaland est timide devant ces étranges félibres,

                                            Un vieux professeur l’y a laissé.                                           qui écrivent des rondeaux, quatrains, ou vers libres.

                                            Sa couleur jaune étant frappante,                                           Ces livres, plein de mots oubliés et bien souvent tristes,

                                            il se disait : elle est intrigante,                                         vivent poussiéreux, bord de Seine, chez les bouquinistes.

                                            un passant attentif sera tenté !


                                            Il voulait partager, ce brave ami,                                          On les contemple de loin sans trop s’approcher,

                                            la beauté qui l’avait tant abreuvé.                                         les laissant à leur sort dans la cellophane fanée.

                                            Il espérait, sans vouloir l’imposer,                                        Coda

                                            qu’un jeune curieux en ferait profit.                                       Alors on se dit non ce n’est pas possible !


                                                                                                                        Eux voient la lumière et respirent les fleurs !

                                                                                                                        Il suffit seulement d’ouvrir un peu son cœur

                                                                                                                        pour que s’évanouisse cette frontière invisible
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