Page 73 - 2 Quartiers de reves a partager Erick Gaussens 2024_Neat
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« Petite prose au Luxembourg»








                            Les arbres un peu penchés sur les allées du Luxembourg, protègent, sans vraiment les cacher, toute une rêverie de discours.

                            Les mots avalés par la fumée de sa pipe, un vieil homme très digne, n’en finit pas de se faire l’exégète d’un peuple perdu,

                            d’une civilisation passée, d’un derviche rédempteur, mais tout en promenant, il garde, et c’est très doux, sur ce murmure
                            bougonnant, un indicible regard clair et vivant d’aimable humilité.

                            Les paroles enflammées de jeunes à la juste révolte, mais tout de même un peu écartelés entre l’affirmation de ce qu’ils croient
                            être la vérité, celle qui résume tout en quelques formules et mesure ton humanité à l’aulne de ta solidarité, et de l’autre coté les
                            ombres tendres des arbres sur les pelouses encore vertes qui te tendent les bras, intimes accolades d’un bonheur qui pourrait

                            naitre, là, juste vous deux, sans les autres.

                            Plus loin c’est le babil des familles du quartier, ménageant autour du bassin un fouillis de taches impressionnistes, les voiles
                            colorées des bateaux qui voguent, aventures fugaces sur le clapot bien élevé, le rire est accepté mais pas le chahut, ni s’amuser
                            à éclabousser, et encore moins l’échauffourée… Cela ce sera pour plus tard, en remontant les marches vers l’entrée sise au

                            mitan du Boulevard Saint Michel…




                            Et puis bien sûr, à l’ombre des statues de marbre, les chaises de métal vert clair, entremêlent leurs jambes et se fondent dans le

                            parterre, pour faire une balancelle, à nos mains qui se tiennent, à nos yeux qui attendent, à nos mots de poètes et à nos corps
                            un peu fatigués mais tellement proches maintenant après cette longue promenade qui a débuté je ne sais plus quand mais ne
                            s’arrêtera pas, en tout cas, tant que




                            Les arbres un peu penchés sur une allée du Luxembourg, protègent, sans vraiment les cacher, toute une rêverie de discours.
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