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DOSSIER
FÉVRIER 2016 14 MAG
L’EXPORTATION
NOUVELLES ENTENTES DE COMMERCE INTERNATIONAL ET EXPORTATION
S’OUVRIR À TEMPS
Q
uelque trente ans après la signature du traité de libre-échange avec les États-Unis, le Canada donne un nouveau coup
de barre en faveur de la libéralisation des marchés. Cette fois, ce sont les pays de l’Union européenne et de la zone Asie- Pacifique qui sont dans la mire. Les enjeux sont majeurs. Au Québec, selon le minis- tère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, l’entente Canada-Europe pourrait, à elle seule, entraîner des retom- bées économiques de l’ordre de 2,2 mil- liards de dollars. Et c’est sans compter l’accès facilité au bassin de quelque 800 millions de consommateurs que sous- tend le Partenariat transpacifique. Entre la mauvaise presse dont les ententes font l’objet, notamment en raison des inquié- tudes soulevées par le secteur agroalimen- taire, et les promesses mirobolantes que brandissent les représentants politiques aux tables de négociation, il est toutefois difficile de s’y retrouver. Cela dit, les experts du développement économique sont unanimes : des occasions d’affaires découleront de ces ententes. Mais, pour
paraphraser la célèbre fable de La Fontaine, encore faut-il agir à temps.
Guylaine Boucher
Journaliste
En 2014, les exportations de biens et de services représentaient 46,4 % du produit intérieur brut (PIB) du Québec, soit l’équi- valent de 168 milliards de dollars. C’est 20 % de plus qu’il y a dix ans. Si les États-Unis demeurent encore le marché de prédilection, les entreprises québécoises ont aussi grandement diversifié leurs expor- tations au cours de la dernière décennie.
Pour Véronique Proulx, directrice commu- nications, affaires publiques et stratégies pour Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), il s’agit là d’un mouve- ment irréversible. « Le marché québécois, et même canadien, est relativement petit. Les consommateurs sont extrêmement sollicités. Pour croître, voire garder leurs parts de marché, les entreprises doivent donc miser sur l’exportation et se posi- tionner. C’est vrai aujourd’hui plus que jamais », souligne-t-elle.
Des avantages
en argent sonnant
Si la porte-parole de MEQ insiste tant sur l’urgence d’agir, c’est qu’à son avis, les ententes de commerce international sur le point d’être ratifiées offriront de nouvelles possibilités. Le principal changement apporté par les ententes sera en fait l’élimi- nation ou la diminution importante des droits de douane pour les entreprises faisant des affaires dans les pays signataires.
À titre d’exemple, dans le cadre du Parte- nariat transpacifique, certains produits, dont le sirop d’érable, les matières plasti- ques et les produits du secteur aérospatial verront leurs frais à l’entrée disparaître. Dans certains cas, comme pour le Japon et la Malaisie, ces nouvelles mesures entraîneront des économies de 20 % pour les entreprises exportatrices. Or, explique Véronique Proulx, « lorsqu’une entreprise paie moins de droits de douane, elle peut plus facilement s’assurer d’avoir des prix compétitifs et ainsi gagner des parts de marché. L’ouverture vers l’international devient plus intéressante ». L’équation vaut aussi en ce qui a trait à l’accord avec
l’Union européenne. Dans ce cas, les secteurs des services, des technologies de l’information, des produits manufacturiers et de l’agroalimentaire seront notamment avantagés.
Au-delà des droits de douane, ces ententes permettront aussi d’ouvrir des marchés jusqu’à maintenant inaccessibles en raison de certaines règles en vigueur. C’est le cas notamment dans le domaine des services, dont l’ingénierie, l’architecture et les ser- vices environnementaux, puisque l’accord Canada-Union européenne permettra désormais aux entreprises d’ici d’avoir un accès préférentiel aux marchés publics et gouvernementaux en Europe et de se positionner pour décrocher des contrats d’envergure.
Les capitaux pourront aussi circuler plus librement. En conséquence, il sera plus facile pour les entreprises d’ici d’investir à l’étranger et vice-versa.