Page 32 - manuel_de-francais_Neat

' Unite 2 Styles de vie

Monsieur Grandet

Honore de Balzac, auteur de «La Comedie humaine», a cree une vaste jresque de la
societe franfaise du XIX' siecle, en decrivant /es difftrents aspects de la vie humaine.
Une place importante dans le roman «Eugenie Grandet» revient a la ga!erie des portraits, parmi
!esque!s un des plus remarquab!es est celui de M. Grande!, homme avare et malhonnete.

Quatre phrases exactes autant que des formules algebriques lui servaient
habituellement a embrasser, a resoudre toutes les difficultes de la vie et
du commerce: <je ne sais pas, je ne puis pas, je ne veux pas, nous verrons
cela». Il ne disait jamais ni oui ni non, et n'ecrivait point. Lui parlait-on? Il
ecoutait froidement, se tenait le menton clans la main droite en appuyant
son coude droit sur le revers de la main gauche, et se formait en toute
affaire des opinions desquelles il ne revenait point [ ... ]. Il n'allait jamais
chez personne, ne voulait ni recevoir ni donner a diner; il ne faisait jamais
de bruit, et semblait economiser tout, meme le mouvement [ ... ].
Au physique, Grandet etait un homme de,_ cinq pieds, trapu, carre, ayant
de larges epaules, son visage etait rond, tanne, marque de petite verole; son
menton etait droit, ses levres n'offraient aucune sinuosite, et ses dents etaient
blanches; ses yeux avaient !'expression calme et devoratrice que le peuple
accorde au basilic; son front, plein de rides transversales, ne manquait pas
de protuberances significatives; ses cheveux jaunatres et grisonnants etaient
blanc et or, disaient quelques jeunes gens qui ne connaissaient pas la gravite Vocabulaire---
d'une plaisanterie faite sur monsieur Grandet. Cette figure annorn;:ait une pied, n.m. - ancienne united~ mesure
de longueur (0,324 m)
finesse dangereuse, une probite sans chaleur, l'egoi"sme d'un homme habitue
trapu, e ad( - large et court, dont
.
a concentrer ses sentiments clans la jouissance de !'avarice. [ .. ] les proportions donnent une impre-
Toujours vetu de la meme maniere celui qui le voyait aujourd'hui le voyait ssion de force et de solidite
tel qu'il etait depuis 1791. Ses forts souliers se nouaient avec des cordons basilic, n.m. - (myth.) reptile fabuleux
de cuir; il portait en tout temps des bas de laine drapes, une culotte courte auquel eta it attribue le pouvoir de
tuer par son seul regard
de gros drap marron a boucles d'argent, un gilet de velours, un large habit
probite, n.f. - droiture, integrite, hon-
marron, une cravate noire et un chapeau. Ses gants, aussi solides que ceux
netete scrupuleuse.
des gendarmes, lui duraient vingt mois et, pour les conserver propres, il les jouissance, n.f. - plaisir de I' esprit
posait sur le bord de son chapeau a la meme place, par un geste methodique. ou des sens
Saumur* ne savait rien de plus sur ce personnage. protuberance, n.f. - eminence, sail lie
d'un organe
H. de Balzac, Eugenie Grandel.
* Saumur - ville ou vivait M. Grandet.

1411""*'

• l'art du portrait
• Comprehension du texte
1. Honore de Balzac est un ecrivain realiste. A quelle 5. Montrez par des details caracteristiques du texte
epoque a-t-il ecrit? Quelles sont ses ceuvres les plus que cette histoire date d'un autre siecle.
connues? 6. Proposez un decoupage du texte, qui corres-
2. Qui est le personnage de cet extrait? Que pen- ponde aux trois parties suivantes:
sez-vous de son nom? a) le comportement de M. Grandet en affaires et
3. Quels sont le mode et le temps utilises clans ce en societe.
fragment? Justifiez leurs emplois. b) le portrait physique de M. Grandet.
c) le style de la tenue vestimentaire de M. Grandet.
~ type de texte est-ce?
Dites
guel
7. Donnez un titre significatif a ce texte.