Page 230 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 230

La mafia des généraux

      Je lui réponds que je réfléchis à ces deux projets, mais
que mon journal n'a que dix mois d'existence, et que je
dois le consolider avant de passer à la vitesse supérieure.

      - Que te manque·t~i1? Je te connais fonceur,
capable de tout faire, et maintenant tu semble frileux.

     - Ce n'est pas une question de courage. Je ne suis
pas prêt financièrement.

     Betchine n'attendait que ça. Pour les finances, il a la
solution toute prête.

      - Ne t'en fais pas. Ben Boualia peut te financer. Tu

le prends comme associé, tu montes une grande entreprise

et tu seras le PDG.
     - Non. Je n'ai pas envie de m'associer avec quel-

qu'un que je ne connais pas bien.
     - Mais je serai associé avec vous. Tu me connais

bien. Je t'ai toujours considéré .comme mon fils. Tu n'as
rien à craindre de Ben Boualia.

      Je lui demande alors pourquoi il faut s'associer à Ben
Boualia si c'est lui, Betchine, qui apporte les finances.
Tout comme je nc manque pas de l'interroger sur la prove-
nance de l'argent, puisqu'il vit de sa pension de retraite,
vingt-deux mille dinars mensuels.

     - Toi, tu as le journal et le savoir-faire. Ben Boualia
apporte les finances et moi, je suis la caution morale. Je
ne suis pas fortuné. L'usine de céramique, je l'ai montée
avec un crédit bancaire, comme tout le monde. Pour la
garantie bancaire de ce crédit, j'ai vendu la villa de fonc-
tion d'Alger pour six cents millions, la Peugeot 505 de
fonctions pour cinquante millions, le chalet d'Ain El Bey
pour cent quatre-vingts millions. J'ai vendu aussi la villa
de Bellevue et le moteur d'un bateau. Ben Boualia me fait
les travaux de terrassement de l'usine pour trois milliards,
parce que je l'ai aidé à obtenir une ligne de crédit, et Bli-
kez m'a donné du fer pour quatre-vingts millions. Moi, je
   225   226   227   228   229   230   231   232   233   234   235