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L  '  I  N  N  É     E  T     L  '  A  C  Q  U  I  S

       POURQUOI LE CHIEN MÂCHONNE ?

       Mastiquer  !  Ronger  !  Voilà  des  actions
       typiques  de  nos  amis  les  chiens,  qui  sont
       parfois  synonmyes  de  désagréments  pour
       nous.  Qui  n’a  pas  déjà  retrouvé  ses  pieds
       de     chaise     attaqués      par     les    petites
       quenottes de sa charmante boule de poil ?
       Les  fameuses  poussées  dentaires  sont  le
       phénomène          le   plus     connu      mais      il
       n’explique  pas  toutes  leurs  prises  en
       gueule naturelles.


       Si le chien mastique c’est avant tout parce que cela lui procure beaucoup de bien-
       être. Que ce soit côté santé ou côté comportement, les bénéfices de la mastication
       sont  nombreux.  Tout  d’abord,  mastiquer  fait  l’effet  d’un  détartrage  régulier  et
       naturel.  En  pressant  des  friandises  naturelles  ou  des  morceaux  de  bois  sur  ses
       dents,  le  chien  nettoie  ses  dents  de  la  plaque  dentaire  en  cours  de  formation  et
       fragilise  le  tartre  en  place.  Ainsi,  une  étude  montre  que  mastiquer  des  friandises
       naturelles  permet  d’éliminer  entre  60  et  79%  des  bactéries  présentes  dans  la
       bouche du chien (Galagher L., 2013). Mastiquer lui permet également de renforcer
       le système de fixation de ses dents. Plus le chien portera des coups de dents à la
       friandise  –  plus  il  y  aura  de  «  bouchées  »  -  ,  plus  la  mastication  sera  d’ailleurs
       efficace  (Mckenzie,  Samantha  &  Brown,  Wendy  &  Billingham,  J  &  Harris,  A  &
       Genity,  P.,  2005).  Et  comme  pour  nous,  mastiquer  augmente  leur  sensation  de
       satiété et réduit donc les comportements de compulsions alimentaires.

                                               Côté      comportement,          mastiquer       leur     permet
                                               également d’évacuer les tensions et de diminuer les
                                               effets  du  stress.  Une  étude  montre  d’ailleurs  que
                                               mastiquer  pendant  une  phase  de  stress  permet
                                               d’atténuer  les  réponses  du  système  nerveux  et  de
                                               diminuer  le  risque  d’ulcère  gastrique  (Tanka  M.,
                                               1999).  Cette  étude  montre  que  les  animaux  qui  ont
                                               l’opportunité       de     mastiquer       quand       ils   sont
                                               immobilisés ou soumis à une contrainte ont un taux
                                               plasmatique  de  corticostérone  induite  par  le  stress
                                               qui  diminue  ;  un  axe  HPA  atténué  ce  qui  aide  à
                                               prévenir  la  formation  d’ulcères  gastriques  induite
                                               par le stress. En parallèle, il a été établi que le fait

       de  mastiquer  stimulait  l’hippocampe,  région  du  cerveau  impliquée  dans
       l’apprentissage  et  la  mémoire.  Une  revue  présente  plusieurs  études  menées  sur
       les animaux (rats, chiens principalement) et sur les humains (Ono, Y & Yamamoto,
       Toshiharu  &  Kubo,  K-ya  &  Onozuka,  M.,  2010).  Elles  démontrent  notamment  que,
       pour les animaux, une mastication réduite atténue la mémoire spatiale et provoque
       la  détérioration  morphologique  et  fonctionnelle  des  neurones  de  l'hippocampe,  en
       particulier  chez  les  animaux  âgés.  Elle  démontre  également  qu’une  mastication
       active  aide  le  processus  de  mémoire  de  l'hippocampe,  atténué  par  le  stress  et
       qu’une  mastication  active  améliore  les  performances  des  tâches  cognitives
       soutenues  en  augmentant  l'activation  de  l'hippocampe  et  du  cortex  préfrontal,
       régions du cerveau essentielles au traitement cognitif.


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