Page 57 - Rebelle-Santé n° 228
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PATHOLOGIIES
STRESS ET TRAUMATISME CRÂNIEN
L’origine de la maladie reste en- core mystérieuse, même s’il existe de nombreuses hypothèses. Ain- si, certains spécialistes estiment qu’elle peut être l’expression d’un stress ou d’un choc psychologique important. D’autres incriminent les traumatismes crâniens. Signalons d’ailleurs que certains accidents vasculaires cérébraux (dont les ic- tus, par exemple) s’accompagnent de troubles de l’élocution et de la parole, et de réponses approxi- matives. L’apparition brutale ou inexplicable de ce genre de symp- tômes doit donc faire consulter un médecin en urgence. Il s’agit peut- être des prémices d’un authentique AVC en voie de constitution.
DE LA SIMULATION...
Pour autant, le syndrome de Gan- ser s’inscrit parfois dans la famille des « pathomimies », c’est-à-dire des tentatives volontaires de si- mulation d’une pathologie quel- conque. Raison pour laquelle il est parfois appelé syndrome de « pseudo-démence de Ganser ». Le malade, qui n’en est pas un au sens habituel du teme, tente alors de faire croire le contraire en répon- dant de façon absurde dans un but bien précis : se faire passer pour « fou » afin d’échapper à la prison ou à une sanction pénale, essayer d’attirer l’attention, de susciter la sympathie, d’éviter une situation inconfortable... L’absence de fixité du regard, ou de regard flou, fré- quents dans les véritables atteintes psychiatriques, peut permettre le diagnostic de simulation. La simu- lation est difficilement maintenable au-delà de 24 heures.
... À LA PSYCHOSE DE DÉTENTION
La pathologie tire son nom d’un neuropsychiatre militaire alle- mand, Sigbert Joseph Ganser, qui en fit la description en 1897, à la suite d’observations de prisonniers en
attente de leur jugement : certains simulaient un état psychiatrique ; pour d’autres, en revanche, atteints d’une « psychose de détention », il s’agissait d’une véritable patho- logie psychiatrique. Le syndrome peut donc être une tentative de simulation ou, au contraire, un syndrome psychiatrique véritable. Il concernerait plus souvent les jeunes de 16 à 18 ans ou les adultes atteints de mégalomanie.
DES RÉPONSES ABSURDES, MAIS PAS SEULEMENT
Le syndrome de Ganser ne se li- mite pas à des réponses absurdes, mais comporte d’autres signes évo- cateurs qui permettent d’ailleurs d’éliminer la simple simulation : état « crépusculaire », aspect rê- veur ou confus, mouvements inap- propriés, obnubilation, écholalie (répétition involontaire des derniers mots prononcés par l’interlocuteur) ou échopraxie (répétition automa- tique et involontaire des mouve- ments de l’interlocuteur), anxiété, désorientation temporo-spatiale, amnésie (le patient peut oublier ses réponses), perte de l’identité personnelle, fugues, hallucinations auditives et visuelles (déformation de la réalité), zones corporelles analgésiques (perte de la sensibilité cutanée). Parfois, le malade adopte des pratiques étranges, comme tenter d’enfiler son pantalon par la tête, mettre des chaussettes sur ses mains...
DÉPISTAGE
Si les réponses du patient peuvent faire sourire dans un premier temps, il ne faut pas pour autant négliger ce syndrome pour deux raisons : le patient, conscient par- fois de l’absurdité de ses réponses, va rapidement en souffrir et donc s’isoler pour ne pas avoir à subir de nouvelles questions et, surtout, parcequecesyndromepeutêtre le signe avant-coureur d’un AVC ou d’une pathologie psychiatrique plus grave à identifier rapidement
pour se donner les chances d’un traitement précoce efficace.
DU SYNDROME AU SYMPTÔME
Dans nombre de cas, ce syndrome s’inscrit comme un simple symp- tôme dans une autre pathologie s’installant à bas bruit. Il peut évo- quer l’existence d’un syndrome dissociatif, d’une schizophrénie naissante, d’une maladie de Gilles de la Tourette, d’atteintes neurolo- giques liées à la consommation ex- cessive d’alcool, d’une dépression ou encore d’une autre addiction.
TRAITEMENT
Le traitement passe par la prise en charge de la cause déclen- chante (stress, sevrage de l’alcool ou d’une autre addiction, schi- zophrénie, dépression...). D’une façon générale, la prise en charge s’appuie sur la psychothérapie. Ce n’est que lorsque le malade repré- sente un danger pour lui-même ou son entourage que l’hospitalisation s’avère nécessaire.
Dr Daniel Gloaguen
MALADIE DE MÜNCHHAUSEN
Quand le syndrome de Ganser s’inscrit dans un objectif
de simulation, on peut le rapprocher de certaines pathologies psychiatriques telles que le syndrome de Münchhausen dans lequel le ou la patiente essaie d’attirer l’attention en jouant un malade, imaginaire donc, ou en incriminant son entourage, enfant souvent, et parfois même un animal de compagnie (maladie de Münchhausen par procuration).
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