Page 81 - Rebelle-Santé n° 228
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EXAMENS
Dr Daniel Gloaguen
                             LA FRÉQUENCE CARDIAQUE DE REPOS
UN INDICATEUR DE SANTÉ
C’est l’un des examens médicaux les plus simples à réaliser : prendre son pouls. Mais derrière la banalité de ce geste se cache un indicateur de santé
à ne pas négliger.
       La prise du pouls par le médecin qui pose le bout de ses doigts sur
le poignet (pouls radial) ou
sur le cou (carotidien) de
son patient n’étonne plus personne tant elle paraît auto- matique. Ne vous y trompez pas. Derrière ce geste banal se cache un indicateur sanitaire important qui permet de rechercher de nom- breuses pathologies, cardiaques ou non. En effet, la fréquence car- diaque de repos est assez finement corrélée à l’état de santé.
POULS
Le pouls correspond à l’onde pro- voquée par le passage du sang dans les artères dans les zones du corps où leur trajet superficiel fa- vorise leur palpation. Chaque bat- tement cardiaque effectué par le ventricule gauche va pulser le sang dans les artères par un simple effet de pompe.
S’AUTOPALPER
Palper son pouls n’est pas com- pliqué. Il suffit de se servir de son index et de son médius et de les poser sur le bord extérieur du poi- gnet (face antérieure) ou sur le cou (sur les côtés). N’utilisez pas votre pouce pour palper le pouls d’un proche : l’artère du pouce étant su- perficielle, c’est votre propre pouls que vous risqueriez de palper.
VARIATIONS
La fréquence de repos dépend du sexe et s’avère physiologi- quement plus élevée chez la femme. Elle a tendance à aug- menter naturellement avec l’âge. D’autres situations quotidiennes
la font monter : lors du sommeil paradoxal, pendant la digestion, en cas de surpoids ou de séden- tarité, pendant la grossesse et, bien entendu en cas de stress. Elle augmente également avec la prise d’alcool, de tabac ou en cas d’hy- perthyroïdie.
REPOS STRICT
La fréquence cardiaque augmente avec l’effort (quelques pas suf- fisent !), a fortiori pendant l’acti- vité sportive et dans les minutes qui suivent. Pour être fidèle, la re- cherche de la fréquence cardiaque de repos doit être pratiquée au strict repos depuis 10 minutes au moins, ou, mieux encore, en posi- tion allongée.
RISQUE CARDIO-VASCULAIRE
Toutes les études convergent : la fréquence au repos est étroitement corrélée à l’état de santé d’un individu, indépendamment des autres facteurs de risque cardio- vasculaire. Chez l’adulte d’âge moyen, une fréquence cardiaque de repos supérieure à 81 batte- ments par minute (bpm) chez la femme et 79 chez l’homme traduit
l’existence d’un risque, qu’il s’agisse de maladie corona- rienne (risque d’infarctus) ou d’insuffisance cardiaque. D’autres études démontrent que l’espérance de vie éle- vée est corrélée à une fré- quence basse. De façon
schématique, plus de 80 bpm chez un adulte indemne de patho- logies multiplierait par 4 le risque de mort subite.
SYNDROME MÉTABOLIQUE
Tout se tient. En effet, l’accélération de la fréquence au repos peut être considérée comme l’un des élé- ments clés du syndrome métabo- lique (ou syndrome X) et du risque cardio-vasculaire. Le syndrome mé- tabolique correspond à la coexis- tence chez un individu d’une obésité abdominale (tour de taille supérieur à80cmchezlesfemmesetà94cm chez les hommes), d’une hypertri- glycéridémie, d’un HDL-cholestérol bas (bon cholestérol), d’une intolé- rance au glucose ou d’un diabète de type 2 (non insulino-dépendant) et d’une hypertension.
HYGIÈNE DE VIE
Sauf exception (insuffisance car- diaque connue, infarctus du myo- carde...), baisser artificiellement la fréquence cardiaque de repos par des médicaments tels que les bêtabloquants n’est pas effi- cace. Seules les mesures hygiéno- diététiques s’avèrent utiles, comme la perte de poids en cas de surpoids, la pratique d’une activité physique quotidienne ou l’évitement de cer- taines substances (tabac, alcool...).
Dr Daniel Gloaguen
                                                          Rebelle-Santé N° 226 81
  





































































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