Page 109 - Rebelle-Santé n° 197
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par le Dr Daniel Gloaguen
EXAMENS
QUEL BILAN POUR DES SUEURS NOCTURNES ?
Sauf exception, souffrir régulièrement de sueurs nocturnes nécessite un bilan à la recherche d’une pathologie.
Un réveil en sueur en pleine nuit ? Chacun l’a déjà ex- périmenté au moins une
fois dans sa vie : il suffit d’un simple cauchemar hyperréaliste. Mais d’autres situations exposent de façon physiologique, normale ou attendue, aux sueurs nocturnes (SN), comme la ménopause aux alentours de 50 ans (déséquilibre hormonal), la chaleur (canicule, usage d’une couette en plein été...) et, dans les premières heures du sommeil, la pratique intensive d’un sport avant le cou- cher (la température corporelle met du temps à redescendre) ou un bain trop chaud (toujours pour les mêmes raisons).
EXAMENS SANGUINS
Les SN, a fortiori fréquentes et régulières sur plusieurs semaines, nécessitent un bilan. Le diagnos- tic précis passe par des examens sanguins ciblés. Encore faut-il sa- voir ce que l’on recherche. D’où l’intérêt de l’examen clinique et d’un interrogatoire « policier » de la part du médecin afin d’orienter la prescription.
ORIGINE INFECTIEUSE
L’origine infectieuse est la plus fréquente. Les sueurs s’accom- pagnent alors d’une fièvre et de frissons.
Plusieurs pathologies provoquent des sueurs nocturnes : • Grippe et syndromes pseudo- grippaux (infections virales), avec douleurs musculaires ou maux de tête. Le diagnostic est générale- ment facile à poser.
• Brucellose, une bactérie que l’onpeut«attraper»aucontactdes animaux de ferme, ou encore en consommant du fromage frais ou du lait contaminés. Cette maladie
bactérienne se manifeste environ 2 semaines après le premier contact infectieux par une fièvre prolon- gée, des douleurs articulaires et musculaires et des SN.
• Abcès. Tout abcès, spontané ou après intervention chirurgicale, peut s’accompagner de sueurs nocturnes. Les douleurs vont orienter vers le foyer infectieux (pleurésie, pyélonéphrite...). À défaut de douleurs, les différentes techniques d’imagerie permettent de le retrouver.
NE PAS OUBLIER LES VALVES CARDIAQUES !
A priori, difficile de faire un lien direct entre des sueurs nocturnes et une pathologie cardiaque. Et pourtant, elles peuvent être un symptôme d’endocardite, autre- ment dit une infection des valves cardiaques. Rappelons que la défaillance de l’une ou l’autre de ces valves peut déboucher sur une insuffisance cardiaque. L’endo- cardite est favorisée par un mau- vais état préalable des valves (les germes s’y fixent plus facilement), l’existence d’une valve synthé- tique ou un état dentaire ou ORL précaire. Enfin, les soins bucco- dentaires ou ORL favorisent le passage des bactéries dans le sang, bactéries qui vont aller se fixer sur les valves.
MALADIE DE HODGKIN
Les sueurs nocturnes sont fré- quentes dans la maladie de Hodgkin, une forme particulière de lymphome, autrement dit une pathologie qui concerne le tissu lymphoïde (ensemble des tissus de l’organisme qui contiennent des lymphocytes, les cellules de l’immunité). La maladie est plus fréquente entre 20 et 30 ans et après 70 ans et concerne plutôt les hommes. Dans la maladie de Hodgkin, les ganglions augmen- tent de volume. La palpation des aires ganglionnaires doit être sys- tématique en cas de SN (aisselles, au-dessus des clavicules, cou, aines). D’autres signes importants peuvent orienter vers un Hodgkin, comme la fatigue, la fièvre, la toux ou l’amaigrissement. Le dia- gnostic passe par une biopsie ganglionnaire.
Dr Daniel Gloaguen
AUTRES CAUSES POSSIBLES
u Stress et stress post- traumatique u Hyperhidrose idiopathique : la production de sueur est excessive et on ne retrouve aucune cause médicale malgré un bilan complet u Traitement médicamenteux u Sevrage (alcool, cannabis, tabac) u Abus de boissons chaudes avant le coucher u Aliments trop épicés u Alcool u Sida u Tuberculose.
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