Page 76 - Rebelle-Santé n° 230
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EXAMENS
Dr Daniel Gloaguen
                       LE DÉPISTAGE DU CANNABIS
EN 5 QUESTIONS-RÉPONSES
Qu’il s’agisse d’un contrôle routier ou en entreprise, le dépistage du cannabis devient un examen de routine.
 Le cannabis est l’une des ad- dictions les plus fréquentes au point que l’on dénombre plus
d’un million d’utilisateurs réguliers. Plus de 13 millions de Français âgés de 15 à 64 ans l’ont déjà ex- périmenté au moins une fois dans leur vie. Il s’agit donc d’un sujet de santé publique qui concerne non seulement la conduite automobile, mais aussi le monde de l’entre- prise et la scolarité des adolescents comme des jeunes adultes.
TROIS TYPES DE DÉPISTAGE
Les tests de dépistage du cannabis peuvent s’effectuer selon les cas dans les urines (contrôle médical en préfecture dans le cadre de la conduite sous l’emprise de stu- péfiants), dans la salive (contrôle de police ou de gendarmerie, au- totests du commerce), ou plus rare- ment dans le sang.
DELTA-9- TÉTRAHYDROCANNABINOL Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas vraiment le canna- bis qu’on recherche, mais l’un de ses principes actifs, qu’on appelle delta-9-tétrahydrocannabinol, ou THC. Le taux de THC s’avère bien plus important sous forme de ré- sine plutôt que sous forme d’herbe. L’herbe de cannabis (marijuana) en contient de 4 à 9 % alors que la résine, sous la forme vendue aux consommateurs (haschich, shit), en
renferme de 8 à 30 %.
1-Il n’y a pas toujours que du cannabis dans la résine.
Vrai
Certains fabricants peu scrupuleux mélangent des adjuvants au can- nabis (cannabis « coupé ») afin
d’augmenter le poids de façon artificielle. Il peut s’agir de tabac, de cirage, de psychotropes, de résidus de pneus, de savon, de henné, d’hydrocarbures, d’additifs odorants, de sucre, d’huile de vi- dange... et parfois même d’excré- ments ! Le taux de THC dépend donc de la quantité de cannabis consommée, mais aussi et surtout de la pureté du produit utilisé.
2-Lorsqu’on est utilisateur régulier, on peut dépister du THC dans les urines jusqu’à 15 jours après la consommation.
Vrai
Même si les effets ponctuels du can- nabis ne durent que 2 à 10 heures, selon l’individu et la concentration en THC dans le produit, on peut retrouver du THC dans les urines au bout de 15 jours, et jusqu’à 70 jours après la consommation si l’on est utilisateur régulier.
3-Lorsqu’on est consommateur occasionnel, on peut être négatif à un TDU après une consommation récente de moins de 3 jours.
Faux
L’élimination moyenne du canna- bis étant d’environ 4 à 5 jours, un utilisateur occasionnel peut rester
positif dans les urines au bout de 3 jours.
4-Le THC persiste plus longtemps dans la salive que dans les urines. Faux
Le THC persiste environ 6 à 8 heu- res dans la salive en cas de con- sommation occasionnelle, jusqu’à 8 jours en cas de consommation ré- gulière. Mieux vaut donc ne pas se fier aveuglément à un test salivaire négatif avant de prendre le volant !
5-On peut être testé positif, même sans être consommateur.
Vrai
C’est le cannabisme passif. À l’ins- tar du tabagisme passif, le canna- bisme passif survient lorsqu’on est dans une ambiance enfumée (effet « aquarium ») : véhicule, apparte- ment... C’est aussi le cas de l’usage du médicament Sativex, un THC de synthèse qui peut être prescrit en toute légalité dans la sclérose en plaques pour laquelle il dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). En cas de contrôle routier, il faut alors disposer d’une prescription médicale pour échap- per à la sanction.
Dr Daniel Gloaguen
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