Page 57 - Rebelle-Santé n° 227
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PATHOLOGIIES
SYNDROME DE CAPGRAS
Déjà abordé dans Rebelle-Santé n° 175 (mai 2015), le syndrome de Capgras (SC) s’apparente
au syndrome du Truman Show
à ceci près que dans cette pathologie psychiatrique de
type paranoïaque également,
les patients atteints sont persuadés que leurs proches ont été remplacés non pas par des comédiens bienveillants mais par des doubles ou des sosies aux intentions malfaisantes.
l’intensité des troubles, au gré de son imagination, de son environ- nement culturel et de sa vie passée. Dans tous les cas, l’impression de persécution est patente. Et lorsque l’interlocuteur (ou le psychiatre) doute de la véracité du « show » ou remet en cause le complot dont le patient serait victime, il lui est alors facile de prouver qu’il existe des caméras (webcam) et des écrans (portable, tablette, ordinateur, télé- viseur...) tout autour de lui et que les téléréalités existent, sans parler des émissions de caméras cachées et autres « Surprise sur prise ». Vous l’aurez compris, le malade va instrumentaliser et interpréter à son avantage tous les évènements du quotidien en leur donnant un sens caché.
INTERNET...
Ce trouble a de beaux jours devant lui, société digitalisée et téléréa- lité obligent, sans parler de notre
propension devenue banale à filmer ou photographier notre quotidien sans distinction ni retenue. Les psychiatres
estiment donc que le
nombre de cas de-
vrait exploser dans les
années à venir. Au premier
rang des accusés, Internet
bien entendu qui contri-
bue à développer une certaine paranoïa chez les utilisateurs, per- suadés qu’on les espionne derrière l’écran ou à travers la webcam, même éteints. Autres responsables tout désignés, les films d’anticipa- tion (comme The Truman Show) ou de science-fiction qui ont abon- damment traité les sujets de l’im- miscion de la technologie dans la vie privée.
... ET PSYCHIATRIE
Ce syndrome est une pathologie psychiatrique du domaine de la psychose. Pour autant et fort heu- reusement, tous les utilisateurs d’In- ternet ou des écrans n’en souffrent pas et ne développent pas de para- noïa. D’après les spécialistes, cette pathologie serait liée surtout à une susceptibilité personnelle, une pro- pension à devenir paranoïaque à un moment ou à un autre, Inter- net devenant alors le déclencheur privilégié du syndrome. Certains estiment également que ce dernier serait la conséquence du change- ment brutal de la société et d’un refus mal exprimé de la modernité. Pour d’autres en revanche, il s’agi- rait d’une sensibilité exacerbée à l’environnement et aux menaces qui s’y cachent.
SCHIZOPHRÉNIE
Bien que « folklorique » sous bien des aspects, ce syndrome ne doit pas être pris à la légère ou n’être considéré que comme une simple obsession narcissique, une forme de mégalomanie ou de mythoma- nie, ou un désir de célébrité (le fameux quart d’heure de célébrité d’Andy Warhol) dans lequel on deviendrait la vedette de sa vie scénarisée, à l’instar de la pratique des selfies ou de la fréquentation assidue des réseaux sociaux où l’on se met en avant pour s’inven- ter une vie fantasmée. En effet, pour de nombreux spécialistes, ce syndrome représenterait une porte d’entrée dans un processus de schi- zophrénie. Il constituerait donc un signal d’alerte qu’il ne faut pas né- gliger. Plus grave encore, certains patients ont pu avoir recours au suicide afin d’échapper à cette vie qu’ils ne contrôlaient pas.
PSYCHOTHÉRAPIE
Sans surprise, le traitement, très efficace en pratique, passe par l’abord psychothérapeutique de la maladie.
Dr Daniel Gloaguen
*Les Anglo-saxons parlent égale- ment de « Truman Show delu- sion », autrement dit l’illusion de Truman
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