Page 8 - Rebelle-Santé n° 227
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En bref
Et si le trafic aérien était le principal moteur de la pandémie ?
Nous sommes nombreux, je pense, à peu ou mal connaître les quelques dizaines de kilo- mètres autour de chez nous. Il nous reste sans doute des merveilles à découvrir d’un coup de vélo ou de train. D’après les annonces du gouvernement, les Français peuvent réserver leurs vacances pour cet été, mais pas au bout du monde. Alors c’est l’occa-
sion de découvrir les trésors multiples qui nous entourent.
Dans son blog quoidansmonassiette, le jeune chercheur Thibault Fiolet (que Lucie
a interviewé dans le précédent numéro) publie une longue étude sur l’impact du trafic aérien dans l’évolution initiale de la pandémie. Cette étude écologique invite à se poser bien des questions sur nos modes de dépla- cements ; vous pouvez ne lire que les conclusions, mais aussi suivre le raisonnement argumenté du chercheur, tout est détaillé.
Le gouvernement a choisi de renflouer Air France. Ne serait-il pas plus judicieux encore et temps de renforcer le réseau ferroviaire et/ou de soutenir ses usagers afin que les voyages en train soient plus abordables ? Jusqu’à la crise actuelle, partir une semaine en avion tout compris (dans de nombreux pays, en particulier méditerranéens) coûtait souvent moins cher que passer une semaine dans le département voisin...
N’hésitez pas à consulter l’étude de Thibault Fiolet, en accès libre sur son blog : quoidansmonassiette.fr Après Covid-19 : on fonce tous droit dans le mur ?
Avec le virus et la pandémie, on a pu lire et écouter, de la plume et de la bouche de nombreuses per- sonnes sensées, qu’il était grand temps de tenir compte des nom- breux signaux d’alerte envoyés par la planète : à force de la piller, on court à la catastrophe, et même on y galope. Et là, on a pu se dire, optimistes, que ce que Greta Thun- berg n’aura pas réussi à faire, un microscopique virus y arriverait peut-être...
Franchement, au tout début du confinement, tout semblait pos- sible, à écouter notre président dire que plus rien ne serait comme avant, on a espéré.
Et puis voilà : pendant le confine- ment déjà, les maigres avancées en matière d’environnement étaient mises à mal par des dérogations autorisées par décrets préfectoraux (allez, on balance des pesticides tout près des maisons pendant que la po- pulation est enfermée chez elle...). Et ça continue de plus belle depuis : Le Medef a écrit en avril au minis- tère de la Transition écologique pour demander « un moratoire sur la préparation de nouvelles dis- positions énergétiques et environ- nementales ». Un décret publié le 8 avril permet aux préfets de déroger aux normes actuelles que ce soit en matière de construc- tion, d’urbanisme, d’agriculture ou
d’environnement. Ce pouvoir de dérogation est justifié pour « facili- ter la reprise » économique, selon un communiqué du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.
Au niveau européen, l’European Plastics Converters (EUPC), qui re- présente les entreprises du plastique en Europe, a envoyé début avril un courrier à la Commission euro- péenne afin d’obtenir le report de l’interdiction de certains plastiques à usage unique (pailles, cotons- tiges, touillettes...) pour 2021. L’industrie du plastique tente de ré- habiliter son image en ne différen- ciant pas ce qui sert à protéger les soignants des usages alimentaires
comme les emballages, par exem- ple. Un bon moyen de contrer la loi contre le gaspillage et l’économie circulaire, promulguée en février qui prévoit, entre autres, l’interdic- tion des emballages à usage unique d’ici 2040.
L’agro-industrie, l’automobile, l’aé- rien, l’électroménager, le transport maritime... Tous ont envoyé des courriers à Bruxelles pour deman- der des délais d’application des normes environnementales, dont un report d’un an sur les nouvelles normes d’émissions de gaz à effet de serre, la limitation des déchets et du recyclage.
par Sophie Lacoste
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