Page 47 - Rebelle-Santé n° 215
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URGENCES
Dr Daniel Gloaguen
UN PIED QUI DEVIENT BLANC ?
IL Y A URGENCE : C’EST PEUT-ÊTRE UNE ISCHÉMIE AIGUË !
En matière d’urgence, il y a les urgences relatives (on peut attendre un peu) et les urgences absolues comme les signes d’ischémie qui doivent conduire à l’hôpital immédiatement : un pied qui devient subitement blanc, douloureux, insensible et froid.
Un pied blanc, froid, dou- loureux (crampes, brûlures, sensation de broiement) et
pourtant insensible (on ne le sent pas quand on le touche) est carac- téristique de l’ischémie aiguë du pied (IAP), autrement dit de l’inter- ruption brutale de la vascularisa- tion artérielle. On parle d’occlu- sion artérielle. En d’autres termes, si on ne fait rien, ou trop tard, il en va de la vitalité du pied et c’est la nécrose (mort cellulaire) : un ou plusieurs orteils deviennent noirs. L’amputation est inévitable. Et dans certains cas, le pronostic devient vital.
GRAVITÉ
La gravité dépend du site et de l’étendue de l’occlusion, de son importance (occlusion totale ou incomplète), de la durée de l’oc- clusion bien entendu, mais aussi de l’état général des artères ou de l’état général du patient (malade cardiaque, déshydraté...). Enfin, un spasme artériel peut toujours survenir et aggraver la situation. Dans le doute, on doit donc consi- dérer toute IAP comme sévère : il ne s’agit pas d’attendre la visite du médecin traitant en fin de jour- née ou de prendre un rendez-vous dans la semaine, mais de se rendre immédiatement dans le premier hôpital venu pour y recevoir un traitement d’urgence.
ATHÉROME...
L’occlusion de l’artère peut être liée à une plaque d’athérome, ma- joritairement composée d’amas de graisse. Outre l’hypercholestérolé-
mie, l’athérome peut être aggravé par le diabète, l’hypertension arté- rielle, le tabagisme ou la sédenta- rité. On parle d’artérite. L’obstruc- tion brutale est précédée d’une « claudication intermittente », c’est-à-dire de douleurs lors de la marche obligeant à s’arrêter.
... OU EMBOLIE ?
Autre origine possible de l’occlu- sion, dans 40 % des cas, l’embo- lie, autrement dit la migration d’un caillot vers une artère du pied. Il s’agit alors le plus souvent d’un pro- blème cardiaque : arythmie com- plète ou autre trouble du rythme, valvulopathie aortique ou mitrale, myxome de l’oreillette (tumeur bé- nigne dans la cavité), endocardite, infarctus...
DIAGNOSTIC FACILE
Outre les symptômes déjà évoqués, l’IAP se traduit par une disparition des pouls à la palpation. Le méde- cin peut retrouver une insensibilité du pied au toucher (déficit sensitif), puis rapidement un déficit moteur responsable d’une impotence fonc- tionnelle (impossible de remuer le pied). Une artériographie et/ou un échodoppler permettent de locali- ser l’obstruction.
ANTICOAGULANT EN URGENCE
L’injection intraveineuse d’un anti- coagulant, généralement l’hépa- rine, est le premier traitement. En cas d’inefficacité, il faut déboucher l’artère par voie chirurgicale, inter- vention qui consiste, au choix, à retirer le caillot (embolectomie à la sonde, par aspiration), à effectuer une dérivation (pontage), à dilater
la portion d’artère concernée (an- gioplastie transluminale), à poser un stent ou à injecter un anticoa- gulant au sein du caillot.
Dr Daniel Gloaguen
AUTRES CAUSES D’ISCHÉMIE
Anévrysme artériel
Embolie de cellules cancéreuses
Traumatisme du pied Artérite inflammatoire Injection artérielle
Fracture osseuse ou cal osseux
Dissection aortique
Troubles de la coagulation d’origine médicamenteuse ou sanguine
Pathologies sanguines (maladie de Hodgkin, leucémies...).
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