Page 4 - Le Petit Journal n° 200
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le petit Journal de Rebelle-Santé	société
Christophe Guyon
AMbIANCE bOIS
Le bien-être par l’autogestion
Dans cette scierie coopérative d’un genre particulier, le bien-être des salariés-actionnaires est une valeur fondamentale. Installée à Faux-la-Montagne, au cœur du plateau de Millevaches, dans la Creuse, Ambiance Bois est une des premières entreprises en France à avoir choisi ce statut. Claire Lestavel, qui a rejoint la scierie il y a près de 20 ans, nous présente de l’intérieur cette aventure professionnelle.
Faux-la-Montagne est un village qui a choisi, dès les années 1980, de tout faire pour accueillir les
nouveaux habitants. Depuis lors, ce point névralgique du plateau de Millevaches (qui est quand même un des villages les moins peuplés de France) a le chic pour attirer les initia- tives alternatives, basées sur le bien vivre et le plaisir de faire ensemble.
Le terreau des alternatives
Ici, la commune, qui a racheté le dernier restaurant du village, soutient une vie associative particu- lièrement dynamique. Le village de 400 habitants compte une crèche, une maison de santé, créée une dizaine d’années avant la générali- sation du concept dans la région. Le coworking était présent avant que l’expression n’existe, grâce à l’association TAF (Travailler à Faux) qui propose ses bureaux à une bro- chette de travailleurs indépendants. Un écoquartier est sorti de terre récemment. Le village compte un jour- nal associatif et a vu naître, il y a trente ans, Télé Millevaches : une télévision associative citoyenne qui fait circu- ler l’information entre les différentes
communes du plateau et les habitants, en suscitant débats et réflexions.
Le projet d’une bande de copains
C’est dans ce contexte idéal que la scierie Ambiance Bois a vu le jour. Quelques copains motivés qui vou- laient croire en une autre société ont commencé par inventer un autre monde professionnel : le leur. Tous ont quitté la région parisienne, en 1988, pour ouvrir à Faux-la-Montage la premièrescierieensociétéanonyme à participation ouvrière de France. Le but : privilégier dans le travail le plaisir, la confiance, l’égalité, pour un vrai projet collectif qui fait vivre aujourd’hui 27 personnes. La scierie produit des planches issues des arbres de la région, réalise des chantiers de constructionoud’aménagement,tou- jours en bois, et un peu de menuiserie.
Claire Lestavel est devenue salariée coopératrice en 1999. Après avoir tra- vaillé dans la pub, chez un chasseur de tête et pour une marque de par- fum, elle a choisi de tenter l’aventure avec son mari qui connaissait déjà Ambiance Bois. Pour rien au monde elle ne reviendrait en arrière.
Quelle est votre fonction à Ambiance Bois ? C’est un rôle de lien avec la clientèle. Je pourrais vous dire aussi que ma fonc- tion, c’est de scier du bois, de livrer des clients ou d’être sur un chariot élévateur. Il n’y a pas de fonctions dé- finies, chez nous. On peut tourner sur les postes, c’était une volonté dès le départ, car tout est lié dans une en- treprise. Une personne dans les bu- reaux peut décider quelque chose et, le lendemain, le mettre en œuvre surlamachineetserendrecompte que, peut-être, des ajustements sont nécessaires. Il y a beaucoup plus de motivation quand on suit du début à la fin, sans forcément passer par toutes les étapes. C’est le point de départ d’une sensation de bien-être au travail : savoir pourquoi on fait quelquechoseetpourquoionlefait de telle façon. Cela donne du sens, c’est primordial.
Comment cela fonctionne-t-il ?
On établit un planning par semaine, en fonction des commandes des cli- ents, des chantiers qui sont en cours, des absences des salariés. Certaines personnes travaillent trois jours cette semaine et deux jours la suivante. On en tient compte dans le planning, puis
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