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URGENCES
LES BONS RÉFLEXES FACE À UN IMPORTANT
DÉGAGEMENT DE FUMÉE
Plus que les brûlures, c’est l’inhalation de fumée qui représente la majorité des cas de décès lors d’un incendie. D’où l’intérêt d’adopter les bons réflexes.
Incendie d’habitation, accident de voiture, ac- cident industriel, feu de
forêt ou tout simplement refoulement des fumées issues d’un bon feu de bois dans la cheminée... les rai- sons d’être confronté un jour ou l’autre au risque d’une inhalation de fumée ne manquent pas. Contrai- rement à une idée reçue, les brûlures ne représentent pas la cause principale des décès lors d’un incendie. Le fait d’inhaler la fumée, autrement dit de la respi- rer, représente 80 % des décès.
MORTELLE FUMÉE
La fumée s’avère nocive pour de multiples raisons : c Sa toxicité propre et/ou la pré- sence de gaz irritants : combustion d’éléments synthétiques, comme le plastique, les moquettes, le rembourrage en mousse, déga- gement de substances à base de cyanure lors de la combustion de la laine des matelas, de la soie, des polymères synthétiques (poly- uréthanes, polyamides), dégage- ment d’aldéhydes, d’ammoniac, d’oxyde d’azote, d’acide chlorhy- drique...
cSa chaleur, bien entendu, qui peut brûler les muqueuses ORL et le tissu pulmonaire. cLe recouvrement des alvéoles pulmonaires par les suies entra- vant les échanges gazeux habi- tuels.
Sans parler des flammes qui ont tendance à consommer beaucoup d’oxygène, a fortiori en lieu clos, d’où un risque d’hypoxie, autre- ment dit un manque d’oxygène
au niveau pulmonaire. Enfin, un incendie peut émettre du mo- noxyde de carbone, un gaz ino- dore et incolore qui va chasser le peu d’oxygène qu’il reste au niveau des globules rouges, d’où un risque majeur d’hypoxie.
DE LA TOUX À LA PERTE DE CONNAISSANCE
Sans surprise, l’inhalation se mani- feste tout d’abord par des signes d’irritation : toux, douleurs pharyn- géesetlaryngées,voixrauque,crise d’asthme (bronchospasme), yeux rouges. Viennent ensuite les symp- tômes qui traduisent l’hypoxie : dé- tresse respiratoire, cyanose (teinte bleutée des extrémités), troubles de la conscience ou du comporte- ment, maux de tête, convulsions, nausées, vomissements, cépha- lées... La perte de connaissance et la douleur thoracique constituent des éléments de gravité supplémen- taires.
HOSPITALISATION DE PRINCIPE...
Même si l’inhalation ne semble pas intense, autrement dit lorsque la victime sort indemne, apparem- ment, d’un incendie, l’hospitalisa-
tion demeure indispensable, surtout lorsque la personne est recouverte de suies (vi- sage, narines, fond de la gorge, crachats noirâtres...) ou que l’exposition s’est pro- duite en lieu clos, des signes de probable exposition à la fumée. D’autant que les lésions pulmonaires et ORL peuvent apparaître 24 à 48 heures après l’exposition.
Un bilan biologique s’impose donc afin d’évaluer précisément l’inten- sité de l’intoxication (gazométrie, recherche et dosage du monoxyde de carbone...) et de rechercher des complications de l’intoxication (ra- diographie des poumons, fibrosco- pie bronchique...).
... ET OXYGÈNE EN URGENCE
L’oxygénothérapie, autrement dit la mise sous oxygène, est souvent nécessaire:simplesondenasaleou oxygènedélivréàfortepressionen caisson hyperbare. Reste également à rechercher les autres atteintes possibles lors d’un incendie : brû- lures bien entendu, mais aussi lé- sions liées à une explosion (blast) ou inhalation de flammes.
RAMPER SUR LE SOL
En cas de dégagement de fumée, il est préférable de ramper sur le sol. En effet, la fumée a tendance à monter. Être au ras du sol peut donc limiter l’inhalation. Respirer à travers un linge mouillé et froid permet de diminuer l’intoxication. Enfin, sitôt sorti, il faut se nettoyer les yeux, la peau et retirer les vête- ments souillés.
Dr Daniel Gloaguen
Rebelle-Santé N° 190 91

