Page 33 - Rebelle-Santé n° 237
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   RENCONTRE
  Le Collectif Vélo Île-de-France, tout comme la Fédération française des Usagers de Bicyclette (FUB), constitue un lobby de plus en plus écouté
par les pouvoirs publics. En marge de leur travail de fond qui commençait à porter ses fruits, les activistes du vélo, comme Stein Van Oosteren, ont vu la crise du Coronavirus propulser le vélo au premier plan, avec une éclosion inespérée de pistes cyclables.
Stein a un avantage de taille en affichant ses origines : il vient du paradis du vélo sur terre, les Pays-Bas. Arrivé en France à l’âge de 23 ans, dans les années 1990, il réalise que l’Hexagone n’est pas le paradis du vélo qu’il a connu au plat pays. Il décide alors de créer une association de vélo dans sa ville, Fontenay- aux-Roses (92), dans l’idée de sortir le vélo d’un usage limité aux sports et aux loisirs. C’est un vrai moyen de transport qu’il veut faire émerger à travers la bicy- clette. Ses talents de diplomate – il est attaché d’am- bassade à l’Unesco – lui sont précieux pour fédérer les personnes, les projets et convaincre ses interlocuteurs. Tout en militant pour le vélo, Stein ne perd jamais son humour et son enthousiasme. À coup de vidéos virales et de tweets optimistes ou ironiques sur nos petits tra- vers, il s’est forgé, sur les réseaux sociaux, une place de prosélyte du bicloune. Dans son premier livre Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable, il s’est amusé à lister les fausses bonnes raisons de ne pas développer le vélo.
Pour Rebelle-Santé, Stein Van Oosteren revient sur sa passion...
Que s'est-il passé en Île-de-France pour le vélo avec le Covid ?
Stein Van Oosteren
Pendant le premier confinement, le Covid nous obli- geait à rester loin les uns des autres. Le gouvernement savait que le 11 mai 2020, quand la France allait redevenir mobile, il faudrait trouver une solution, car les transports publics n'étaient plus forcément une bonne option. En tant qu’associations citoyennes, on avait déjà imaginé un réseau de pistes cyclables. Et puis, il y avait des exemples de « coronapistes » dans des grandes villes à l’étranger. Alors, le gouvernement a décidé de suivre le mouvement. En 10 jours, on a fait plus pour le vélo qu’en 10 ans.
Avant cela, comment s’était amorcée la renaissance du vélo en France ?
En 2017, la FUB a créé le baromètre des villes cy- clables en demandant aux Français ce qu'ils pensaient de leur ville en matière de vélo. C’était une première. Avant, le vélo n'était pas un sujet. Ce baromètre a donné un palmarès – et la presse adore les palmarès. Alors, il y a eu une compétition entre les villes et le
débat s’est ouvert. On avait réussi à mettre le vélo dans l'opinion publique. Cela a créé une force qui nous rendait davantage audible par les politiques. Ça a été un moment déclencheur dans cette révolution.
L’influence des Gilets Jaunes a-t-elle compté ?
Leur mouvement traduisait une aspiration à une meilleure qualité de vie. Le problème du pétrole a fait déborder le vase, mais les Gilets Jaunes ne voulaient pas forcément aller au travail en voiture. Ils souhaitaient se déplacer dans des conditions plus agréables et le moins cher possible. Le mouvement n'a pas pu se structurer suffisamment pour faire aboutir leurs propositions, mais le gouvernement a pris conscience qu'il y avait un problème et a investi beaucoup dans le train et dans le vélo. Cela a contribué à l’annonce, en septembre 2018, du premier Plan Vélo national, avec la loi LOM (1), doté d’un budget de 350 millions sur sept ans.
Le Collectif Vélo Île-de-France est-il vraiment un lobby ?
Oui. Avant, il y avait des associations de vélo qui faisaient des propositions mais ne travaillaient pas ensemble. En 2017, quand j'ai fondé l’association de vélo à Fontenay-aux-Roses, je me suis vite aperçu qu’il y avait d’autres associations de vélo dans la banlieue sud, et qu'elles ne se connaissaient pas. J'ai donc dé- cidé de les réunir. Puis, nous nous sommes mis à travailler ensemble sur une proposition d’aménage- ment de la RD 920 (axe arrivant au sud de Paris par la porte d’Orléans) et ça a marché, car notre proposition était solide. On s’est adressé au Département des Hauts-de-Seine, puis, rapidement, on a visé la Région. En mars 2019, nous avons lancé le Collectif Vélo Île- de-France dont je suis le porte-parole. Désormais, les politiques ont un interlocuteur unique pour le vélo. La cause devient davantage crédible.
  Rebelle-Santé N° 237 33
 © Valentin Cebron


















































































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