Page 4 - Le Petit Journal n° 194
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Rebelle-Santé	rencontre
Virginie Parée
dES âNES
AU jARdIN
J’ai rencontré Claire Loubier il y a maintenant quelques années. Très vite, nos conversations se sont orientées vers notre goût commun pour la nature et les animaux. C’est ainsi que Claire m’a parlé de sa profession, la gestion d’une grande propriété.
Une propriété riche de sa nature	Comment fait-on avec les ânes, y
très importants pour l’écosystème. Le crottin va également favoriser la pousse de petites fleurs bleues. D’ailleurs quand les ânes sont partis, le terrain était tout fleuri !
Les ânes sont partis ?
Oui, pour passer l’hiver au sein de leur association.
Seront-ils présents pour préparer la saison d’été ?
Ils sont là d’avril à décembre en général. Quand les années sont sèches, ils restent moins longtemps car la végétation pousse moins.
Le premier trimestre de l’année, ils restent chez eux et c’est l’association Ânestérel qui s’en occupe.
Combien aviez-vous d’ânes l’année dernière ?
6 ânes. Pour vous donner un ordre d’idées, 10 ânes débroussaillent en 20 jours un hectare, ce qui est énorme.
Le débroussaillage mécanique va être 3 fois plus cher, plus lent et sur- tout polluant ! L’âne ne pollue pas et apporte un plus. Il permet de lutter contre les incendies dans le respect du paysage. Le responsable de l’association Ânestérel que j’ai rencontré est pompier volontaire. Par son mé- tier, il a pu constater que les habi- tations présentes au sein d’un
allant de la forêt à la garrigue, en passant par les vignes, mais aussi de ses hommes et de ses animaux. Et pour l’accompa- gner dans sa tâche parfois difficile, Claire a obtenu l’appui de travailleurs à la fois discrets et performants...
Claire, vous m’avez dit avoir fait appel à des ânes pour débroussailler la propriété dont vous vous occupez. Comment avez-vous eu cette idée ?
L’idée m’est venue car j’en avais vraiment assez de voir toutes ces machines puantes, bruyantes et polluantes couper toute la garrigue sans discernement.
La propriété que je gère fait 55 ha dont 8 cultivés. Le reste, c’est une garrigue magnifique. Le terrain est splendide, mais quand on y met des jardiniers outillés, tout est coupé, haché et abîmé. Or, le débroussaillage est une obligation pour limiter les risquesd’incendie.Etilsetrouveque la propriété est en zone rouge. Cela veut dire que si demain il y a le feu, on ne peut pas reconstruire.
Et puis surtout, s’il y a le feu, la faune, si riche dans la région, est détruite. Les ânes sont des débroussailleurs qui ont du discernement. Ils vont respec- ter la nature en gardant, par exemple, un équilibre entre la prairie et la forêt.
a-t-il des règles à respecter ?
Il faut simplement mettre les ânes en couple car ils n’aiment pas la solitude. Ensuite ce sont eux qui travaillent. Si on observe ce qui se passe, les ânes vont d’abord aller piétiner, créant des voies de passages. Les brindilles, les herbes vont être écrasées, malaxées et vont rentrer dans la terre. Cette opération va générer des pare-feu. Ils vont également manger ce qu’ils aiment, souvent des herbes qui n’ont d’intérêt pour personne. Contrai- rement aux moutons qui mangent tout, eux vont choisir uniquement ce qui est bon pour eux, en général les herbes sèches, ou ce qui va pousser un peu plus en hauteur. Ils ne vont pas toucher aux plantes tradition- nelles de la garrigue provençale.
Se servir des ânes était une pratique qui existait auparavant... Les petits ânes étaient les chevaux des pauvres. D’ailleurs,ilssontlesanimauxlesplus humbles de la planète.
Aujourd’hui, on ne fait que remettre dans le paysage l’animal qui en fait partie. Cette opération permet de respecter la nature et l’environne- ment.
Outre l’activité de débroussaillage, les ânes vont faire des déjections. Leur crottin reste sur le terrain et va attirer un grand nombre d’insectes
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