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LA CHRONIQUE
de Pınar Selek
Un nouveau modèle de vie à Notre-Dame-des-Landes
Ala fin de l’été, je suis allée à Notre-Dame-des-Landes pour participer aux « Ren- contres intergalactiques », un évé- nement présentant des initiatives venues de divers coins de la pla- nète. Depuis mon arrivée en France (Pinar a dû s’exiler de Turquie il y a plusieurs années, poursuivie par la justice de son pays pour ses enga- gements citoyens, NDLR), j’ai tou- jours été solidaire de la lutte contre le projet d’aéroport, mais, même si je savais que dans ce type de résistances naissent des miracles, je n’imaginais pas à quel point des personnes toutes simples pou- vaient représenter un véritable espoir pour notre planète.
UN MOUVEMENT DE LONGUE DURÉE
L’aventure collective de Notre- Dame-des-Landes dure depuis plu- sieurs années. Lutter contre l’ins- tallation d’un aéroport a suscité le courage d’inventer d’autres
mondes possibles, plus durables et plus solidaires. Les personnes qui ont défendu ces terres ont traversé des moments durs, des moments de violence... Après de nom- breuses tempêtes, le mouvement a franchi une première étape : celle de sauver la terre du bétonnage et de faire que le projet d’aéroport de NDL soit enterré.
Mais ensuite, la violence et les expulsions ont recommencé, pour que les personnes qui avaient dé- fendu ces terres quittent les lieux. À la première phase d’expulsion, la majorité des installations situées autour de la route du côté Est ont été détruites. Les personnes qui ont pu y rester ont reconstruit ce qui avait été détruit, bien décidées à continuer à cultiver les terres, avec une agriculture solidaire qui respecte la nature, mais aussi à continuer leurs activités artisa- nales, culturelles et sociales, mises en place sur les lieux ces dernières années.
Grâce à la solidarité, importante dans la région, le mouvement a trouvé un grand écho à ses reven- dications.
Le gouvernement a alors exigé que les projets agricoles soient indivi- duels. Mais celles et ceux qui par- tagent depuis si longtemps cette belle aventure ont développé une autre culture de vie. Ensemble, les occupant.es des lieux ont donc rédigé un projet commun qu’ils et elles ont présenté collectivement à la préfecture.
Ce dossier présente une quaran- taine de fiches, dont une partie concerne le projet agricole, mais comporte aussi des propositions de développement culturel, artisanal, social, et de protection de la forêt. L’objectif était de protéger au maxi- mum ce lieu de vie et d’activités.
À l’issue de ce processus de négo- ciations, le mouvement a réussi à conserver la grande majorité des terres de la Zad, sous couvert de convention d’occupation précaire.
Un espoir pour la planète
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