Page 27 - Rebelle-Santé n° 211
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Oui, c’est une réussite, mais, pour le moment, éphémère : l’auto- risation se prolonge seulement jusqu’en décembre.
UN AVENIR INCERTAIN
Le territoire est encore menacé. Quelques-uns des anciens pro- priétaires, qui avaient vendu leurs terres au profit de l’aéroport, re- vendiquent de les reprendre tout en gardant l’argent qu’ils ont tou- ché. Ils ne s’étaient pas mobilisés contre l’aéroport, mais ils se mo- bilisent pour empêcher les nou- veaux projets qui fleurissent sur ces terres. Pourtant, si le mouve- ment anti-aéroport n’avait pas été là, ces terres seraient bétonnées à l’heure actuelle. Aujourd’hui, certains veulent chasser le mou- vement pour créer une zone agri- cole classique, un désert humain et social, sans solidarité, sans acti- vités culturelles, sans respect de la nature. Le mouvement doit main- tenant faire face à une nouvelle menace après celle de l’aéroport : l’agriculture intensive.
SOLIDARITÉS AUTOUR DE CE PROJET INÉDIT
« Face à la crise écologique et au changement climatique, il est plus urgent que jamais de changer nos modes de vie, de consommation, de production et de construction », disait une jeune charpentière ve- nue sur le terrain pour contribuer à la reconstruction d’un hangar détruit. Elle est entourée d’une dizaine d’artisan.es venu.es par solidarité, ainsi que d’associations, initiatives, syndicats, citoyen.nes. Chacun.e y met sa petite pierre.
Si cette solidarité existe, c’est sans doute parce que ce projet est inédit. Il s’agit de produire collectivement des aliments sains, sans glypho- sate, sans aucun produit chimique (j’y ai mangé des tomates : elles ont un vrai goût de tomates et sont cultivées avec soin et plaisir). Et la production n’est pas seulement destinée à la vente, mais aussi au
partage. C’est la même chose pour l’élevage et la fromagerie. Quant à la gestion de la forêt, elle s’ap- puie sur des connaissances solides et sur le respect de la nature, et l’association Abracadabois, qui se charge de ce domaine, veut garder la gestion des forêts et des haies.
UN FONDS DE DOTATION
Le mouvement a créé un fonds de dotation* pour protéger les terres communes face au danger de la production massive et donc des pesticides. L’idée consiste à trouver de l’argent pour que le fonds soit propriétaire. Ensuite, il confiera l’usage des lieux aux personnes qui acceptent ses objectifs : agriculture paysanne, respect de la nature, de la biodiversité. On ne sait pas encore combien d’argent ce fonds de dotation pourra récolter, donc combien de surface il pourra ache- ter. Les procédures administratives ont déjà commencé. Quand ce fonds sera officiellement créé, ils feront un appel. Je vous le dirai... Malgré l’épée de Damoclès qui
plane au-dessus des terres de Notre-Dame-des-Landes, les activi- tés sur la Zad se poursuivent. Les personnes qui y sont installées sont déterminées à garder et à dévelop- per les usages communs et les pra- tiques communes dans des terres communes.
Et nous ? Nous sommes détermi- nés aussi, non ? Comme ces gens simples mais courageux chantent sur ces terres : « On veut du si- lence et du temps / On veut sortir à la lumière / On veut cultiver nos enfants / Et on veut cultiver nos terres... »1.., chantons ensemble.
Pınar
* Le fonds de dotation est un orga- nisme de mécénat destiné à réa- liser une œuvre ou une mission d’intérêt général ou à aider un autre organisme à but non lucra- tif à accomplir une œuvre ou une mission d’intérêt général.
1 www.youtube.com/watch?v=Ql72_ND_dR0 Rebelle-Santé N° 211 27
LA CHRONIQUE DE PINAR


































































































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