Page 29 - Rebelle-Santé n° 211
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NUTRITHÉRAPIE
À l’occasion du centenaire de la pandémie grippale la plus dévastatrice que l’Humanité ait connu à ce jour, je me propose de vous relater l’histoire d’un médecin américain de l’époque, qui a perçu le rôle éminemment favorable du rayonnement solaire sur l’immunité en un temps où la « vitamine du soleil » n’avait pas encore été découverte. Une vitamine du soleil qui, comme vous l’avez déjà deviné, n’est autre que la vitamine D !
Apparue à la fin de la Première Guerre Mondiale, et ses soins se limitaient à procurer le maximum d’air
la pandémie grippale a été à l’origine du décès
d’une cinquantaine de millions de personnes à travers le monde. Rien qu’en France, plus de 300 000 personnes sont passées de vie à trépas en l’espace de quelques mois !
Grippe espagnole ou américaine ?
L’Histoire a retenu cette pandémie sous le nom de grippe « espagnole ». En réalité, les premiers cas sont apparus aux États-Unis, et ce sont les soldats amé- ricains venus prêter main-forte aux Français et aux Anglais dans leur combat contre l’Allemagne, qui ont importé le virus sur le sol européen.
Le virus en question était de type H1N1, comme celui à l’origine de la pandémie de 2009, sauf que la souche virale de 1918 s’est révélée beaucoup plus virulente et incomparablement plus mortelle que celle qui a circulé en 2009.
La grippe espagnole a fait d’énormes ravages au sein des troupes américaines, au point que beaucoup de soldats sont morts avant même d’embarquer pour l’Eu- rope. Aux États-Unis, l’Armée a dû parer au plus pres- sé face à la progression fulgurante de l’épidémie. Des hôpitaux de fortune ont été aménagés à la va-vite dans les camps militaires. Des photos d’époque montrent des lits alignés dans de vastes hangars ou des rangées de tentes plantées sur les terrains disponibles.
L’intuition du médecin-chef William Brooks
William Brooks travaillait dans un camp militaire du Massachusetts où il s’occupait de nombreux malades installés sous des tentes. Alors que l’été 1918 appro- chait de son terme, il fit le constat que les patients dont il avait la charge s’en sortaient bien mieux que ceux ayant séjourné dans des hôpitaux « en dur ». Il n’avait pourtant que peu de moyens à sa disposition
frais aux malades, mais aussi et surtout à veiller à ce qu’ils fassent le plein de soleil dès que le temps le permettait. Sur une photo, on voit ainsi de nombreux lits sortis des tentes afin que son « traitement » à base d’air et de soleil soit appliqué au mieux.
Et cela porta ses fruits rapidement. Il nota chez ses pa- tients une évolution favorable de la courbe de tem- pérature corporelle, une qualité de vie améliorée et un faible taux de décès. En dépit de résultats probants, beaucoup de collègues du Dr Brooks contestèrent sa méthode de soins. Tout au plus certains s’accordèrent- ils sur l’idée d’apporter davantage d’air frais aux ma- lades. Notre médecin-chef resta cependant convaincu de l’importance d’exposer longuement les malades à la lumière solaire – à condition que la météo et la sai- son l’autorisent, bien entendu !
L’héliothérapie
Le Dr Brooks était persuadé que le rayonnement solaire apportait quelque chose de bénéfique à ses malades. Il n’était pas le seul. En effet, dès le début des années 1900, des médecins français avaient eux aussi découvert de façon empirique les vertus théra- peutiques de l’exposition au soleil, en particulier pour traiter les malades atteints de tuberculose. D’où le développement des sanatoriums, fréquemment loca- lisés en altitude où le rayonnement solaire est plus intense. Les médecins attribuèrent le nom d’héliothé- rapie à leur méthode de traitement (hélios = soleil).
La « vitamine du soleil »
En cette année 1918, tant le Dr Brooks que les médecins français ignoraient la nature de ce « quelque chose de bénéfique » apporté par les rayons solaires... Un quelque chose qui n’était autre que la vitamine D, découverte seulement quatre ans plus tard. Deux années supplémentaires furent nécessaires
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