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NUTRITHÉRAPIE
L’erreur systématique des médecins
En 2017, des chercheurs ont publié une vaste revue d’études cliniques dans lesquelles la vitamine D a été comparée à un placebo dans la prévention des infections respiratoires aiguës (rhume, grippe, bron- chite, pneumonie) (3). Ils ont retenu 25 études ras- semblant près de 11 000 participants auxquels on a donné de la vitamine D :
soit de façon ponctuelle à dose élevée (100 000 à 300 000 UI) ;
soit de façon journalière ou hebdomadaire à dose modérée (200 à 4000 UI par jour).
L’analyse approfondie de l’ensemble des essais cli- niques a révélé que la vitamine D n’est d’aucune utilité quand on la donne ponctuellement à dose élevée. Or, les médecins ont pour fâcheuse habitude de recourir de façon systématique à ce mode de pres- cription (4) ! En revanche, la vitamine D permet de diminuer de 20 % le risque d’infections quand on la prend de façon journalière ou hebdomadaire, et même de 70 % si l’on souffre en plus d’une carence en vitamine D (taux inférieur à 10 ng/ml).
au-dessus de 30 ng/ml au bout du quatrième mois de supplémentation, tandis que presque la totalité des nourrissons sont assurés de dépasser ce taux quand on leur donne 1200 UI par jour.
Comme le montre une étude chinoise très récente, cela a des répercussions sur le niveau de protection des nourrissons vis-à-vis de la grippe. Les auteurs de l’étude ont testé ces deux dosages chez 400 nourris- sons. Le groupe 1200 UI a été moins touché par la grippe (43 cas contre 78 dans le groupe 400 UI), et quand les nourrissons du groupe 1200 UI attrapaient la grippe, ils s’en remettaient plus vite (5).
• Les autorités sanitaires françaises recommandent actuellement 800 à 1000 UI/j entre 0 et 1 an.
• De son côté, la Société Française de Pédiatrie pré- conise 1000 à 1200 UI/j.
• Et l’Académie de Médecine, quant à elle, fixe à 2000 UI/j la dose maximale sécuritaire.
Didier Le Bail
Notes :
(1) Grant WB and Giovannucci E, The possible roles of solar ultraviolet-B radiation and vitamin D in redu- cing case-fatality rates from the 1918-1919 influenza pandemic in the United States, Dermato-Endocrino- logy, 2009
(2) À l’OMS, on estime que la virulence du virus H1N1 s’est traduite par un taux moyen de mortalité de 4 % : sur 100 malades, quatre décédaient des complications de l’infection initiale (pneumonie mortelle).
(3) Martineau AR, Vitamin D supplementation to prevent acute respiratory tractus infections : systema- tic review and meta-analysis of individual participant data, BMJ, 2017 Feb
(4) La plupart du temps, ils prescrivent à leurs patients des ampoules de 100 000 UI qui, soit dit en passant, contiennent un additif considéré comme perturbateur endocrinien : le butylhydroxytoluène ou BHT (E321).
(5) Zhou J, Preventive effects of vitamin D on seaso- nal influenza A in infants : a multicenter, randomized, open, controlled clinical trial, Pediatr Infect Dis, 2018 Jan
L’expérience de terrain d’un médecin canadien
Quel est le taux sérique requis pour bénéficier à plein des effets de la vitamine D sur l’immunité ? Une ré- ponse à cette question nous a été donnée dans la lettre publiée il y a trois ans par le Dr Gerry Schwalfenberg dans une revue canadienne destinée aux médecins de famille :
« Moi-même et l’un de mes collègues avons eu recours à la vitamine D à des doses permettant à la plupart de nos patients de conserver durablement un taux sérique supérieur à 40 ng/ml. Et nous voyons main- tenant très peu de patients venir nous consulter en cabinet pour une grippe ou un syndrome grippal. »
Pour atteindre et dépasser la valeur seuil de 40 ng/ml, il convient de se supplémenter à raison de 4000 UI par jour pendant 3 à 4 mois. À la latitude qui est la nôtre, la meilleure stratégie consiste à prendre 4000 UI par jour tout au long de la saison froide (octobre-mars) et 2000 UI par jour tout au long de la saison chaude (avril-septembre) – sauf si on s’expose suffisamment au soleil durant les beaux jours.
Et pour les tout-petits ?
Il existe clairement un effet dose-dépendant.
Avec 400 UI par jour entre 0 et 1 an, seuls un peu plus de la moitié des nourrissons ont un taux sérique
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