Page 49 - Rebelle-Santé n° 211
P. 49
RENCONTRE
Adrien Laborit fait découvrir la géologie de façon ludique
Deux fois par semaine, il part orpailler dans un ruis- seau voisin.
« Le nombre de visiteurs augmente chaque année, constate-t-il avec plaisir. D’un millier en 2009, le nombre est passé à 7600 en 2018. Et le lieu est désor- mais classé "Géosite de l’améthyste d’Auvergne" ». Au fil de la balade, nos pas nous ont menés jusqu’à la mine de Poux par des chemins bordés de fleurs vio- lettes, elles aussi. Digitales, mauves, trèfles et centau- rées semblent ainsi nous avertir de l’approche du filon exceptionnel découvert en 2015 !
NICOLAS ET VALÉRIE, LES LAPIDAIRES-MINEURS
Ici, sur un terrain acheté il y a quelques mois, Nicolas Léger et sa compagne Valérie ont bel et bien l’inten- tion de consacrer leur vie à la belle pierre.
Des morceaux sortis des entrailles de la terre jalonnent le lieu où ils accueillent les « prospecteurs » en herbe.
Au cours de la sortie, ceux-ci ont ramassé des amé- thystes qui affleurent et viennent les peser.
« C’est après avoir découvert de façon tout à fait for- tuite un gisement de saphirs, que je me suis lancé dans l’aventure de l’améthyste », confie le lapidaire deve- nu mineur à son tour. En attendant les autorisations délivrées par la Dreal (1), le couple a commencé à faire de la mine de Poux un écolieu avec la volonté de minimiser l’impact des prélèvements et de respecter la nature environnante. Ils se sont engagés à remettre le terrain dans un état qui ne soit pas dangereux et à le laisser revenir à une certaine biodiversité.
Bardé de diplômes de philosophie et de théologie, Ni- colas Léger se défend d’être un « doux rêveur ». Lapi- daire autodidacte, il a repensé une façon de polir les pierres extraites sans avoir recours à l’oxyde d’alumi- nium : il utilisera, comme tonneau à polir, une toupie à béton pour les arrondir !
Un pari un peu fou, mais une aventure humaine pas- sionnante, et la découverte récente de gemmes de grande qualité leur permet de croire que, décidément, l’améthyste d’Auvergne a encore de beaux jours de- vant elle.
Natalie Georges
(1) Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
Nicolas Léger et Valérie Aubard : le moment du pesage
BRÈVE HISTOIRE DE L’AMÉTHYSTE EN AUVERGNE
La belle pierre violette fait partie du paysage. Les habi- tants du village et des environs ont toujours connu ce « caillou » qui, parfois, ressort dans les champs lors des labours. « Les résidus servaient même à paver les chemins, se souvient Madame le maire qui venait en vacances dans la région, chez ses grands-parents. Tout le monde en avait – sur les bords des fenêtres ou dans les jardins... »
Il faut dire que ce gisement, unique en Europe, en a fait rêver plus d’un ! Les mineurs, professionnels ou amateurs, se sont succédé au fil des années.
L’un d’eux, Joseph Demarty, instituteur et minéralo- giste, relance l’activité en 1898. Il achète des terrains et emploie des ouvriers pour extraire cette précieuse pierre. À Royat, ville thermale proche de Clermont- Ferrand, il transforme un moulin en taillerie, utilisant la force hydromotrice du torrent de La Tiretaine pour actionner les meules.
Le musée de la maison de l’Améthyste retrace cette histoire qui a même inspiré un roman (Les chemins d’améthyste, de Gérard Georges, aux Presses de la Cité. 19 €).
Rebelle-Santé N° 211 49
EN SAVOIR PLUS
CONTACT
La maison de l’Améthyste – Château de Montfort,
63580 Le Vernet-la-Varenne – Tél : 04 73 71 31 32 –
Site Internet : www.amethyste-geosite-auvergne.com Courriel : maison.amethyste@orange.fr
Le lieu a fermé début novembre. Il rouvrira ses portes le 1er avril 2019 et fêtera ses 10 ans.
BIENFAITS
Vers la fin du XIIe siècle, le savant Marbod compose
un traité sur les propriétés des pierres. On accorde à l’améthyste des vertus apaisantes et purifiantes. Ce cristal est utilisé en lithothérapie (cure par les pierres en grec). Pour plus de renseignements, voir le site : www.lithotherapie.net
© Photos p 48 et 49 : Natalie Georges
©NG
©NG