Page 10 - Rebelle-Santé n° 222 - Extrait "Coline Serreau"
P. 10

CULTURE
    femmes qu’on avait à cette époque, nous a donné des outils géniaux. Einstein a transformé notre compréhen- sion du monde, de la matière, de sa correspondance avec l'énergie. Cela change notre rapport au cosmos. Et les grandes femmes de lettres qui ont les premières verbalisé l’oppression des femmes. Il y a aussi quelques bons philosophes, anciens ou modernes, tous ces pen- seurs ont forgé ma pensée. Peut-être que j'ai de l'intui- tion, mais cela m'agace un peu que l’on réduise ma clairvoyance à de l'intuition féminine...
Je travaille, je cherche, jour et nuit.
Comment vous soignez-vous ?
Je n'ai pas de leçons à donner. Je suis comme tout le monde, dans les écrans, dans les ondes, souvent stres- sée par trop de travail. Toute ma vie, j'ai été stressée, avec les enfants à élever, les œuvres à faire. J’ai nourri mes enfants avec la crème Budwig de Kousmine. On a fait attention qu'ils aient toujours leur ration de lé- gumes.
Je fais des jeûnes très régulièrement, qui me régénèrent. Je ne prends pas de médicaments, mais j'ai vécu enfant dans un appartement où on se chauffait au charbon, avec un père et une mère qui fumaient, donc j'ai les poumons abîmés.
Avez-vous des techniques de soin particulières ?
Oui, j'utilise l'homéopathie mais, plus ça avance, plus je pense que la clef c'est l'alimentation.
C'est intéressant ce qui se passe avec les dernières dé- couvertes sur le microbiote. Le microbiote ressemble à la forêt. S'il y a des dégâts au niveau écologique, il y aura aussi des dégâts au niveau de votre intestin. J'ai es- sayé d'être ce que je mangeais. Mais sur un tournage ou en tournée, ce n'est pas facile. Et puis, il y a le contexte psychique. Même si vous êtes stressé, surchargé de tra- vail, si vous aimez votre activité, vous êtes dans un uni- vers psychique sain.
Dans votre prochain film, Tempêtes, vous épin- glez les laboratoires pharmaceutiques (voir page suivante). Comment avez-vous ouvert les yeux sur cette réalité ?
La Sécurité Sociale est une grande avancée sociale. Sauf que c'est devenu une arnaque. Les gens prennent trop de médicaments, ils ne font plus confiance à leur corps qui est l’hôpital le plus sophistiqué du monde. Les labo- ratoires pharmaceutiques ont besoin que les gens soient malades, qu’ils consomment des médicaments, ils ont aussi besoin que l'industrie agricole produise de quoi rendre les gens malades. Ensuite, les gens consomment leurs médicaments en pensant qu’ils sont gratuits, alors qu’ils les payent avec l’argent de leur propre travail. Et plus les gens sont malades, plus les labos s'enrichissent. C'est un système pervers. L'industrie pharmaceutique est aux mêmes mains que l’industrie agroalimentaire qui pollue et tue les sols. C'est une guerre à la popula- tion, à la terre.
Quelle est votre vision de notre société économique ?
La philosophie générale se résume en deux mots : quand il y a des profits, c'est pour eux. Quand il y a des pertes, c'est pour nous. On socialise les pertes et on privatise les profits. Il n'y a pas de séparation entre les banques de dépôt et les banques d'affaires. Tout l’argent va dans la finance, la spéculation. On renfloue les banques en permanence, mais les banques ne nous renflouent jamais, quand ça va mal. Les révoltes sont mûres, il y a le hashtag « balance ton porc », les gi- lets jaunes, le Chili, Hong Kong, l’Iran, l’Algérie, nous sommes dans un moment de remontée des luttes qui prennent en compte l’écologie. La société est en plein bouillonnement, il y a des expériences magnifiques qui arrivent de tous les côtés, de gouvernance alternative, de culture, d'alimentation nouvelle.
20 Rebelle-Santé N° 222
 




















































































   8   9   10   11   12