Page 6 - Rebelle-Santé n° 214
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En bref par Sophie Lacoste
Glyphosate : les « pisseurs volontaires » tous contaminés !
En Normandie, le mouvement Nous voulons des co- quelicots a lancé une action « pisseurs volontaires » : 100 Normands du Calvados se sont prêtés au jeu en envoyant leurs urines en Allemagne pour analyse par un laboratoire indépendant. Ces volontaires motivés, plutôt du style à manger bio, ont eux-mêmes pris en charge l’examen. Parmi eux, des enfants, des adultes jeunes et des personnes âgées, des hommes et des femmes, des citadins et des campagnards... Et ils ont ainsi fait la preuve que même en observant une stricte
hygiène de vie, même en s’efforçant de manger bio, les organismes sont exposés au pesticide présent par- tout dans la vie quotidienne, ne serait-ce que dans l’air que l’on respire, dans l’eau du robinet... En effet, toutes les analyses sans exception montrent un taux de glyphosate supérieur aux normes acceptées par l’EFSA (agence européenne de sécurité alimentaire), qui pourtant est loin d’être « anti-glyphosate » (cette agence remet même en cause le rapport de l’OMS qui a classé le glyphosate comme cancérogène).
Allez hop, encore une couleuvre à avaler... Le 25 février dernier, au salon de l’agriculture, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a donné carte blanche à la FNSEA en signant le préambule d’un con- trat sur lequel ne figure aucun en- gagement concret de sortie datée du glyphosate. Le gouvernement a donc validé la proposition du syn- dicat, à savoir la sortie du glypho- sate « pour une majorité d’usages pour lesquels il existe des alterna- tives accessibles et viables d’ici fin 2020 » (et pourquoi pas avant, alors ?), en mettant en œuvre « tous les moyens possibles pour atteindre ces objectifs sans tou- tefois laisser les agriculteurs dans
l’impasse. » Ce qui revient claire- ment à ne prendre aucun engage- ment ! Le drame, dans tout ça, c’est que les agriculteurs et les consom- mateurs sont victimes de lobbies qui leur pourrissent la vie. Des lobbies qui jouent sur du velours en les montant les uns contre les autres. Car on oppose volontiers les amateurs de coquelicots (les signataires de l’appel Nous vou- lons des coquelicots) – en essayant de les faire passer pour de doux rêveurs inconséquents – aux agri- culteurs qui doivent nourrir le pays et qui auraient donc, eux, la tête sur les épaules ! Ce que veulent les signataires de l’appel des coque- licots, c’est parvenir à supprimer
les pesticides en soutenant tout ce qui pourra aider les agriculteurs à faire leur travail dans les meilleures conditions possibles, pour leur bien et celui de tous. Rappelons que les agriculteurs sont les pre- mières victimes des fameux traite- ments « pour la santé des plantes » qu’ils déversent dans leurs champs et que c’est une profession maltrai- tée : un tiers d’entre eux ont moins de 350 € de revenus par mois. Entre 2010 et 2011, 296 agri- culteurs ont mis fin à leurs jours d’après les chiffres de l’Agence de santé publique. Ne nous laissons pas diviser. Consommateurs et agri- culteurs, main dans la main, ce serait tellement bien !
Et le gouvernement donne carte blanche à la FNSEA
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