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PATHOLOGIES
diagnostic est de 6 à 10 mois. Une perte de temps préjudiciable au traitement et donc au pronostic. Le SPT n’est donc pas une pathologie en soi, mais un ensemble de symp- tômes qui, lorsqu’ils sont présents et reliés les uns aux autres, doivent mettre en alerte sur l’existence d’une tumeur pulmonaire. Pré- cisons toutefois que certains SPT sont le fait de tumeurs non cancé- reuses (abcès, amylose...).
SYMPTÔMES PROJETÉS
Le SPT est en réalité la traduction de l’irritation des nerfs qui passent à côté du cancer, à l’instar de la fa- meuse douleur du bras gauche ou de l’auriculaire gauche quand on souffre d’un infarctus cardiaque. Dans le SPT, le cancer se déve- loppe au sommet de l’un des deux lobes pulmonaires et va irriter – voire emprisonner – les nerfs qui passent à proximité et en particu- lier, les nerfs du plexus brachial.
PLEXUS BRACHIAL
Pour bien comprendre les symp- tômes du SPT, il est indispensable de revenir sur ce groupement de nerfs qu’est le plexus brachial.
Il s’agit d’un paquet de nerfs pro- venant des 4 dernières racines nerveuses de la moelle épinière cervicale (C5, C6, C7, C8) ainsi que du 1er nerf dorsal (T1), voire du 2e (T2). Ce « bouquet » de nerfs passe sous la clavicule, juste au- dessus de la première côte, pour se diriger ensuite vers le haut de l’épaule et du bras. Tout ce qui va blesser ou irriter le plexus brachial se traduit alors par des consé- quences neurologiques au ni- veau des organes innervés. Dans le SPT, ce sont les nerfs issus de la huitième racine vertébrale (C8) et de la première ou des deux pre- mières racines d’origine thoracique (T1, T2) qui sont concernés. Le SPT faitdoncpartiedelagrandefamille des lésions du plexus brachial, au même titre que les fractures de
la clavicule, de la première côte, ou des vertèbres cervicales.
DIAGNOSTIC CLINIQUE...
Le diagnostic de SPT est donc es- sentiellement clinique et associe du même côté que l’atteinte pul- monaire :
• une douleur du bord interne du bras, de l’épaule et/ou de l’omo- plate
• une atrophie des muscles de la main (diminution de volume)
• un engourdissement des doigts
• une douleur de la paroi thora- cique supérieure
• une atteinte ophtalmique assez spécifique comportant la baisse de la paupière supérieure, ou ptosis (l’œil paraît plus fermé que l’autre), l’impression que l’œil est un peu plus enfoncé dans l’orbite (énoph- talmie) et une pupille très serrée (myosis). Les médecins parlent de syndrome de Claude Bernard- Horner lorsque les trois éléments ophtalmiques sont réunis.
Enfin, la sévérité des symptômes du SPT dépend essentiellement du volume et de l’extension de la tu- meur. Et n’attendez pas les symp- tômes pulmonaires habituels du cancer pulmonaire, souvent ab- sents dans le SPT débutant (toux, crachats sanglants...), car la tu- meur est périphérique et n’atteint pas – encore – les bronches.
.... ET CONFIRMATION PAR UNE RADIOGRAPHIE PULMONAIRE
L’imagerie ne sert pas à confirmer les éléments cliniques du SPT, mais à confirmer que le SPT annonce l’existence d’une tumeur au niveau du lobe supérieur du poumon (dite tumeur apicale), du côté du SPT, en montrant une opacité sus- pecte. C’est donc par une simple radiographie pulmonaire que le diagnostic peut être fait. Outre l’atteinte pulmonaire, la radiogra- phie peut montrer également la
disparition radiologique de la pre- mière côte, voire des deux ou trois premières côtes (lyse osseuse), et même parfois de la première ver- tèbre dorsale, du fait de l’envahis- sement tumoral qui détruit le tissu osseux. Et lorsque la radiographie s’avère normale, ou douteuse, il peut être nécessaire de mettre en évidence la tumeur par d’autres examens d’imagerie, comme le scanner thoracique ou l’IRM. De son côté, un électromyogramme peut montrer un ralentissement de la conduction nerveuse au niveau du plexus brachial.
TRAITEMENT
La guérison du SPT, autrement dit la disparition des symptômes, repose sur la prise en charge de la tumeur pulmonaire, seule à même de trai- ter le SPT. Il faut agir vite. Il est im- portant de repérer les petits signes de début du SPT, sans attendre que le SPT soit au complet, et de consulter son médecin sans tarder. Bien que technologiquement dé- passée, la radiographie pulmonaire systématique comporte encore des avantages en matière de préven- tion à l’échelle individuelle !
Dr Daniel Gloaguen
À NE PAS CONFONDRE AVEC
une pathologie de la moelle épinière (syringomyélie, tumeur, méningiome...)
la spondylarthrite ankylosante un problème discal au niveau
cervical
une douleur musculaire dans la région de l’omoplate.
Rebelle-Santé N° 205	75


































































































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