Page 14 - Le Petit Journal de Rebelle-Santé n° 210
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LE PETIT JOURNAL DE Rebelle-Santé	Sciences
VAGINEERING
UN CONTRACEPTIF DANS LA FLORE VAGINALE ?
La pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé en France malgré des effets secondaires conséquents. C'est dans ce contexte qu'une équipe d'étudiants de Montpellier a décidé de lancer le projet Vagineering, qui se concentre sur une bactérie de la flore vaginale avec pour ambition de la transformer en contraceptif viable.
Et si la flore vaginale produisait son propre contraceptif ? Neuf étudiants montpelliérains ont
émis l'hypothèse que oui. Avec leur projet Vagineering, ils ont choisi d'étudier la bactérie Lactobacillus jensenii. Celle-ci fait partie des bac- téries les plus représentées dans le microbiote vaginal (23 %) et possède le plus d’atouts pour devenir, après modifications, un spermicide naturel.
« Nous sommes des étudiants en bio- technologie, biophysique, science du médicament, ingénierie de l'en- vironnement et génie génétique », raconte Léo, membre de l'équipe Vagineering.
Avec ses camarades, il a passé tout l'été au Centre de Biochimie Struc- turale, à Montpellier. Dans leur labo- ratoire, ils ont « caractérisé » la bacté- rie : « Cela veut dire savoir dans quelles conditions elle peut être cultivée,
quel protocole, quelle méthode peu- vent être utilisés pour injecter des séquences ADN », explique Léo. « Toutes les bactéries ont des sortes de légos différents. Le but, c'est d'insérer des gènes, des séquences d'ADN dans des organismes (ici la bactérie) pour qu'elles puissent coder ce dont on a envie. »
Allier enjeu scientifique et social
L'équipe d'étudiants prépare le con- cours IGEM (International Genetical- ly Engineered Machine), organisé par le MIT à Boston. Cette organisation récompense des projets scientifiques du monde entier et cette année, 9 équipes françaises sont en compé- tition dans différentes catégories.
Travailler sur la contraception s'est rapidement imposé à eux, comme le souligne Tamara, autre membre du
projet : « On s'est d'abord penchés sur le microbiote vaginal pour voir toutes lesapplicationsqu'onpouvaityfaire. On a pensé à la contraception par rapport à l'impact de la contracep- tion hormonale sur l'environnement. On voulait choisir pour le concours un thème dont les gens pourraient se souvenir et où il y aurait un vrai im- pact social, tout en faisant de la vul- garisation scientifique. »
En France, le nombre de femmes qui prennent la pilule comme moyen de contraception tend à baisser.
Selon les chiffres du barème de la santé 2017, 33,2 % des Françaises utilisaient la pilule en 2016, contre 45 % en 2010. Ce phénomène est lié aux effets secondaires de la prise de contraception hormonale sur la santé des femmes. En 2017, une étude néerlandaise démontrait que la prise de contraception hormonale
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