Page 10 - Le Petit Journal de Rebelle-Santé n° 208
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LE PETIT JOURNAL DE Rebelle-Santé
Dans l’Antiquité, les Égyptiens utilisaient déjà le miel et les produits de la ruche pour soigner toutes sortes de maladies.
Le pouvoir cicatrisant du miel est tel qu'aucune recherche scientifique pour le remplacer n'a pu donner de résultats équivalents. Et, à chaque fois qu'il y a des comparatifs entre les médicaments les plus puissants et le miel, c'est le miel qui l'emporte pour soigner les brûlures et favori- ser la cicatrisation.
Face au désastre écologique, de quelle manière le consommateur peut-il participer au maintien de la biodiversité ?
En consommant du miel. On con- tribue ainsi au développement de l'apiculture.
Et puis il est important de se faire entendre des pouvoirs publics. On apprend régulièrement dans les mé- dias que tel ou tel néonicotinoïde va être interdit, mais à chaque fois que le pouvoir politique prend une telle décision, nous apprenons en- suite rapidement qu’une nouvelle molécule qui remplace la précéden- te vient d’être mise sur le marché, et cette dernière se révèle être pire encore par son action agressive et toxique.
N'oublions pas que la seule mis- sion d'un pesticide est de tuer, de
supprimer la vie. Quand le premier pesticide massivement utilisé a été inventé, le DDT, il y avait encore du bon sens : le traitement des végétaux pendant la floraison était interdit.
Mais c'est justement au moment de la floraison et de la fructifica- tion que les « nuisibles » sont les plus présents. C'est ainsi qu'ont été conçus les pesticides systémiques : ce sont des pesticides présents en permanence dans toutes les parties de la plante, y compris pendant la floraison et la fructification.
Consommer bio pour tous les actes du quotidien permet donc de ne pas cautionner cette pratique... ?
Oui, absolument.
Dans le domaine du miel, c'est un peu particulier. Produire bio revient à une obligation de moyens. Le cahier des charges du miel bio consiste à suivre des règles de pratiques api- coles biologiques respectueuses des abeilles et de l'environnement. Mais il ne faut pas oublier que l'abeille butine dans un rayon de 3,5 km autour de la ruche, soit en- viron 40 km2. Or il n'existe pas de surface en France de 40 km2 vierge de traitements chimiques.
Même dans les zones de montagne, il y a partout des cultures, des industries, des décharges ou des
zones de stockage ouvertes. Il faut donc être prudent par rapport au bio. Le cahier des charges bio ne suffit pas et il faut quand même procéder à une analyse du miel pour contrôler le résultat.
Vous avez créé une fondation dans le but de défendre la biodiversité. Est-ce que vous pouvez m'en parler et notam- ment de son rôle par rapport aux abeilles ?
Nous avons par exemple financé un dossier auprès de l'Institut tech- nique et scientifique de l'apiculture et de la pollinisation (ITSAP). De nombreuses substances potentielle- ment toxiques pour les abeilles sont retrouvées dans les cires des ruch- es. Ce projet cire vise donc à établir des indicateurs de référence éco- toxicologiques afin de définir à par- tir de quel seuil une substance don- née devient toxique pour l'abeille.
Un autre dossier a été financé au- près de l’ITSAP en vue de finaliser le processus de validation interna- tionale de la méthode d'évaluation des effets des pesticides sur le re- tour à la ruche des abeilles buti- neuses. L'objectif est de déposer un document guide auprès de l'OCDE, l'organisation de développement et de coordination économique.
Nous finançons aussi un projet de formation professionnelle quali- fiante et modulaire dans un lycée agricole, ceci pour répondre au plan national de relance de l'apiculture et de s'adapter aux spécificités lo- cales de l'abeille noire.
L'abeille noire était l’abeille d'origine en France, un écotype local. Elle est rustique et très résistante, mais elle produit moins de miel que d'autres races.
Elle consomme aussi beaucoup moins de miel. Ces dernières an- nées, elle avait été partiellement remplacée par d’autres races d'abeille, l'abeille italienne notam- ment, qui produit beaucoup plus de miel, mais qui en consomme égale- ment beaucoup plus.
Quand il y a des variations de climat importantes, l'abeille italienne a be- soin d'être nourrie avec des sirops
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