Page 11 - Le Petit Journal de Rebelle-Santé n° 208
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environnement
alors que l'abeille noire n'a pas be- soin de supplémentation.
En ce moment, on entend beaucoup parler des ruches dans les villes pour justement éviter les pesticides, qu'en pensez-vous ?
Des organisations ont monté des opérations pour expliquer aux po- pulations que les abeilles mouraient quand les ruches étaient situées dans des zones où il y a beaucoup de fleurs de culture traitées avec des pesticides systémiques, les néo- nicotinoïdes.
Les apiculteurs ont décidé de mettre des ruches dans des zones où il n'y a pas de culture pour voir comment les abeilles réagissent, comme les villes, et ont constaté que ces ru- ches donnaient plus de miel que celles qui se trouvent dans les zones riches en fleurs cultivées.
Mais on oublie de dire que, dans Paris, les fleurs sont des géraniums, des pétunias, des roses, etc. qui ne sont pas des fleurs mellifères. Ces fleurs d’ornement ne produisent pas de nectar.
En revanche, dans les grandes villes sur les trottoirs et dans les poubelles, il y a beaucoup de résidus sucrés. Et les abeilles récupèrent ces substances.
Si ces miels des grandes villes sont vendus très cher, personnellement, pour rien au monde je ne voudrais en consommer. Je préfère un miel de fleurs à un miel de résidus.
Il faudrait alors planter des plantes mellifères sur les toits parisiens !
Mais pour faire 1 kg de miel, rap- pelons-le, il faut 800 000 fleurs. Sur un toit, ça fait beaucoup !
Et vous, mangez-vous du miel ?
Je mange beaucoup de miel et suis très difficile. Je consomme beau- coup de miel d'arbres et peu de miel de culture. J'aime beaucoup le miel de châtaignier (les châtaigniers ne sont pas traités) et le miel d'acacia qui est un arbre sauvage. Le meil- leur miel d'acacia vient de Hongrie
et est réputé dans le monde entier. Il y a aussi un miel de grande cul- ture que j'apprécie beaucoup qui est le miel de lavande de Provence. C'est une lavande bien particulière plantée sur les plateaux de Valen- sole et d'Albion. Ce sont les deux principales zones où l’on cultive le lavandin, une plante hybride très demandée par les parfumeurs de Grasse. Le lavandin est un hybride de lavande très aromatique et qui donne, à mon goût, le meilleur miel du monde.
La qualité nutritionnelle du miel vient donc aussi des plantes sur lesquelles ont butiné les abeilles...
Oui. Et il faut savoir qu'il y a deux sortes de miel : le miel de nectar et le miel de miellat.
Le miel de nectar vient des fleurs et le miellat vient des pucerons qui habitent les grands arbres tels que les sapins. Les pucerons se nourris- sent de la sève du sapin et rejettent des excréments sucrés (le miellat). Celui-ci est prélevé par les abeilles qui en font un miel extraordinaire, le plus riche en oligo-éléments et en substances bénéfiques pour nous. C'est le miel de sapin très foncé et très fort.
Pourriez-vous me parler des vertus de la propolis et de la gelée royale ?
Au printemps, quand les bourgeons éclosent, les abeilles récupèrent la matière collante qui les recouvre et l’apportent à la ruche, y incorporent des substances qui leur sont propres et ce mélange donne la propolis.
La propolis est la substance naturel- le qui a le plus grand pouvoir anti- bactérien connu. L'abeille l’utilise pour colmater la ruche et éviter le développement microbien. Par exemple, si un mulot rentre dans la ruche, les abeilles le piquent pour le tuer et le recouvrent de propolis pour éviter toute prolifération bac- térienne.
C'est d'ailleurs de cette manière que les Égyptiens ont embaumé les pharaons et c'est pour cette raison qu'on a retrouvé des corps en bon état 4000 ans plus tard !
C'est aussi un produit très connu des chanteurs ou comédiens car il est le meilleur remède instantané à une extinction de voix.
Qu'en est-il de la gelée royale ?
C'est une substance produite par l'abeille ouvrière entre le cinquième et le onzième jour de sa vie et qui vient d'une glande positionnée sur son front. La gelée royale est utili- sée pour nourrir les larves pendant les trois premiers jours qui suivent l’éclosion des œufs. Les larves sont ensuite nourries par un mélange de miel et pollen, sauf celles qui sont destinées à devenir les larves royales. La future reine sera exclu- sivement nourrie à la gelée royale jusqu'à sa taille adulte et pendant toute sa vie.
L’abeille ouvrière va mettre 20 jours à se former alors que la reine sera adulte en seulement 16 jours. Pour- tant, c'est le même œuf. La larve de la reine va évoluer beaucoup plus vite et va donner naissance à un in- secte qui sera une fois et demi plus gros que l'abeille ouvrière.
C'est un peu comme un super lait maternel... ?
Oui, c'est un peu ça. En plus, l'abeille ouvrière ne sera pas totalement for- mée au niveau des organes génitaux alors que la reine, elle, pourra déjà se reproduire.
L'ouvrière vit 30 à 40 jours alors que la reine vit entre trois et cinq ans. Pourtant, au départ, c'est le même œuf et le même insecte. La puissance de la reine est telle qu’elle parvient à pondre jusqu'à 2000 œufs par jour, soit une fois et demi son propre poids, avec pour seul carburant la gelée royale !
Pour terminer, avez-vous une recette à base de miel à nous communiquer ?
Oui, elle est toute simple : il s'agit simplement de mélanger du miel de châtaigner à un fromage frais de chèvre ou brebis. C'est un véritable délice...
Propos recueillis par Virginie Parée
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