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pathologies
LA MALADIE DE MÖNCKEBERG
Une cause de rétrécissement de la valve aortique
La maladie de Mönckeberg correspond au développement de calcifications au niveau de la valve aortique, responsables d’un rétrécissement de l’embouchure de l’aorte avec, comme conséquences, une moindre éjection de sang et une hypertrophie cardiaque.
La maladie de Mönckeberg (MM), qui doit son nom à Jo- hann Mönckeberg, anatomo- pathologiste qui en fit la première description en 1903, et qu’on appelle également « rétré- cissement aortique dégénératif », concerne essentiellement le troi- sième âge, et plutôt l’homme. Pour autant, même si la MM touche surtout la valve aortique, toutes les artères de l’organisme peuvent être concernées par ces dépôts de phosphate de calcium situés surtout au niveau de la partie moyenne de la paroi des artères.
L’origine de la maladie est incon- nue. Sa fréquence, toutes atteintes confondues, serait inférieure à 1 % de la population.
VALVES ET VALVULES
Difficile d’évoquer les consé- quences de la MM sans aborder le fonctionnement cardiaque, notamment le principe de fonc- tionnement des valves. Rappe- lons que le cœur est constitué de 4 cavités (deux oreillettes et deux ventricules) séparées par 4 valves
(aortique, mitrale, tricuspide, pulmonaire) pourvues chacune de valvules, sorte de clapets sous la forme de replis membraneux destinés à éviter le reflux du sang. La qualité de l’ouverture et de la fermeture des valvules détermine en grande partie la qualité des flux cardiaques et, au final, la vascularisation de l’organisme. Lorsqu’elles sont moins souples, les valvules s’ouvrent et se refer- ment incomplètement, avec pour conséquence une diminution du débit sanguin liée à un double phénomène : augmentation de la résistance au passage de la valve et apparition d’un reflux sanguin vers le ventricule.
CALCIFICATIONS
Située entre le début de l’aorte et le ventricule gauche, la valve aortique est constituée de 3 val- vules. Elle est chargée d’éviter le reflux du sang vers le ventricule au moment de la contraction de ce dernier (systole). En pratique, la surface d’ouverture d’une valve aortique normale mesure entre 2,5 et 3,5 cm2.
Dans la MM, des calcifications
prolifèrent sur les valvules qui prennent alors un aspect dit en « chou-fleur » et forment un bloc calcifié difficile à mobiliser qui réduit la surface d’ouverture.
RÉTRÉCISSEMENT AORTIQUE...
Chargée de calcium, la valve aor- tique s’ouvre mal. Une moindre quantité de sang est éjectée et le ventricule gauche souffre en lut- tant contre cette résistance. Il va donc s’hypertrophier.
Au contraire de l’hypertrophie cardiaque liée au sport, celle-ci est inefficace et fatigue le ventri- cule. Conséquence, l’oreillette gauche doit lutter elle aussi contre l’excès de sang présent dans le ventricule gauche, censé se vider complètement lors de la contrac- tion du ventricule (systole).
Vous l’aurez compris, un rétrécis- sement aortique s’accompagne, au stade terminal, d’une insuffi- sance cardiaque gauche grave, et peut même être responsable d’une mort subite dans les formes les plus sévères, d’où l’intérêt de le dépister précocement.
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