Page 124 - Rebelle-Santé n° 194
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ANIMAUX
C’EST QUOI,
CETTE GROSSESSE NERVEUSE ?
Contrairement à une idée reçue, une chienne qui fait une grossesse nerveuse n’essaie pas de vous faire comprendre qu’elle voudrait bien avoir des chiots. Elle est simplement victime d’un trouble hormonal et c’est purement médical !
La « grossesse nerveuse » porte très mal son nom car elle tend à faire croire que la chienne
pense attendre une portée parce qu’elle en a envie. En réalité, c’est tout l’inverse : en raison d’un dérèglement hormonal, la chienne présente des signes de gestation et du coup, pense attendre une portée, d’où son comportement. Mais cela ne correspond aucunement à un souhait de sa part ! Pour preuve, les chiennes stérilisées ne font jamais de grossesse nerveuse : or, si c’était purement psychologique, rien n’empêcherait ces dernières d’avoir envie, elles aussi, de mettre au monde des chiots. En outre, le fait d’avoir déjà eu des petits ne met pas une chienne à l’abri de ce type de problème ! Il faut donc arrêter de faire de l’anthropomorphisme et plutôt traiter ce problème
comme n’importe quelle autre maladie. Enfin, même si cela se produit plus rarement, les chattes (non stérilisées) peuvent elles aussi en être victimes...
Ce qui doit y faire penser
Rien ne ressemble plus à une au- thentique gestation qu’une gros- sesse nerveuse débutante. Au dé- part, c’est un subtil changement de comportement qui donne l’alerte : la chienne fait preuve d’une anxiété inhabituelle, elle est nerveuse et re- cherche les caresses. Parfois encore, elle se montre agitée et/ou perd l’appétit ou, à l’opposé, ne pense plus qu’à manger. Parfois, elle va même jusqu’à se concocter une sorte de petit nid ou bien couver un jouet de l’un des enfants de la famille!Maisparfois,ellesecom-
porte comme d’habitude et ce sont des signes physiques qui donnent l’alerte : ses mamelles se mettent à augmenter de volume et un liquide séreux peut s’en échapper (chez les loups, l’apparition d’une lactation chez les femelles ainsi concernées sert à nourrir les petits de la meute). En réaction, la chienne se lèche ses mamelles devenues douloureuses, ainsi que la vulve, qui est le siège d’un œdème. À moins d’être cer- tain qu’elle n’a pu croiser le chemin d’un mâle au cours de ses dernières chaleurs, il est bien difficile de ne pas croire à une éventuelle gesta- tion. Cependant, à l’examen et, si besoin, à l’échographie, le vétéri- naire prouve l’absence de futurs petits.
pourquoi Cela arrive
Tout cela n’a rien d’exceptionnel : 87 % des chiennes non stérilisées rencontreraient ce problème au moins deux fois dans leur vie. Alors qu’en l’absence de saillie et de ges- tation, l’ovule non fécondé devrait normalement disparaître, il n’en est rien dans la grossesse nerveuse. De même, la sécrétion d’hormone pro- gestérone - hormone de la lactation - ne faiblit pas non plus. Il s’ensuit une montée de lait et des troubles du comportement de la chienne qui sont la conséquence (et non la cause) de cette pseudo gestation. Il serait ainsi plus juste de parler de « pseudo grossesse par dérèglement hormonal » plutôt que de « gros- sesse nerveuse » qui donne une dimension psychologique à cette maladie endocrinienne.
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