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NUTRITHÉRAPIE
On constate que les femmes sont nettement plus touchées que les hommes, sans doute à cause d’un système immunitaire plus sensible et réactif, qui les expose à développer davantage d’affections auto- immunes que les représentants du sexe opposé.
Acte 2
Les années passant, la thyroïdite auto-immune chro- nique se mue en hypothyroïdie infraclinique.
Par « infraclinique », il faut comprendre que l’hypo- thyroïdie reste masquée, ne générant pas encore de symptômes ou très peu, le plus habituel étant une fatigue persistante, mais quoi de plus banal que la fatigue !
L’écrasante majorité des sujets atteints de thyroïdite d’Hashimoto et d’hypothyroïdie infraclinique est posi- tive au test des auto-anticorps anti-thyroperoxydase (anti-TPO). La thyroperoxydase est notamment char- gée de capter l’iode et de l’amener à la thyroïde.
Au stade de l’hypothyroïdie infraclinique, le bilan hor- monal thyroïdien fait apparaître une T3 libre et une T4 libre toujours dans les clous, mais une TSH à la hausse. Cette hausse est considérée comme légère tant qu’elle ne dépasse pas la ligne rouge des 10 mU/litre.
Au-dessus de 10, la prescription d’un traitement hor- monal de synthèse (levothyroxine) s’impose. En dessous de 10, un tel traitement n’apporte pas vraiment d’amélioration, mais il peut toutefois être entrepris si l’on cumule les mauvais points : deux tests TSH > 8, TSH en augmentation constante, présence d’un goitre, présence d’auto-anticorps antithyroïdiens, âge jeune, tabagisme, dyslipidémie, troubles bipo- laires, dépression (1).
Acte 3
Progression vers une hypothyroïdie avérée, avec installation de signes et symptômes tels que fatigue, lenteur intellectuelle, ralentissement du rythme cardiaque, douleurs musculaires, peau sèche, frilosité, voix basse et rauque, prise de poids, constipation.
Des chercheurs ont calculé qu’une femme de 50 ans avec TSH à 6 et test positif aux auto-anticorps anti- TPO, a une probabilité de l’ordre de 57 à 99 % de développer une hypothyroïdie avérée 20 ans plus tard.
UN PHéNOMèNe fRéqUeNt...
L’attaque auto-immune de la glande thyroïde est devenue un phénomène beaucoup plus fréquent qu’on ne l’imagine. Pour preuve, cette étude épi- démiologique menée en Inde assez récemment. Les chercheurs ont sélectionné un échantillon de près de 5500 sujets adultes âgés de 46 ans en moyenne. On a détecté des auto-anticorps anti-TPO chez 22 % d’entre eux (2) !
... sOUveNt AssOcIé à D’AUtRes tROUbles AUtO-IMMUNs
On s’est aussi aperçu que 50 à 60 % des personnes atteintes d’une thyroïdite auto-immune ont d’autres organes et tissus attaqués par leur système immunitaire :
pancréas (diabète de type 1), myéline (sclérose en plaques), intestin (maladie cœliaque), articulations (polyarthrite rhumatoïde), colonne vertébrale (spon- dylarthrite ankylosante), peau (vitiligo), etc.
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