Page 26 - Rebelle-Santé n° 208
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LA CHRONIQUE
de Pınar Selek
Comment ne plus se faire de mauvais sang
L’enseignement de Chantal Cerda
Depuis que je la connais, je me sens mieux. Plus sage. Plus équilibrée. Elle n’habite
pas à Nice comme moi. Elle est Montreuilloise (dans le 93). Mais il me suffit de la voir de temps en temps, de discuter avec elle, de voir son travail et les magies qu’elle crée avec les autres, pour me sentir pleine de vie, pleine d’énergie et de bonne humeur. Il est donc indispen- sable que je vous la présente, que je partage la force qu’elle me trans- met. Chantal Cerda, cette femme, en révolutionnant sa vie, réussit à embellir la vie des autres.
Chantal est menuisière depuis maintenant 36 ans. Elle va bientôt fêter ses 60 ans mais elle ne compte pas se mettre en retraite, elle tra- vaille dans la joie, l’amour et la sagesse.
CHEMIN DE VIE
Chantal avait 24 ans quand elle est tombée amoureuse de cette profes-
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sion. « Coup de foudre » dit-elle, « c’était une révélation ». Elle avait essayé d’autres choses pour trouver son chemin de vie... Mais une fois qu’elle a découvert la menuise- rie, elle ne l’a plus jamais lâchée. À cette époque-là, ce n’était pas facile d’être menuisière pour une femme. Mais Chantal s‘y est pour- tant attelée avec passion : « Les conditions de travail dans le bâti- ment sont toujours difficiles pour une femme, et elles étaient pires encore à cette époque, mais j’étais déterminée. » D’abord salariée, elle a ensuite fait deux ans de bénévolat avec les Compagnons bâtisseurs. Il s’agissait d’aider les personnes qui n’avaient pas de moyens pour répa- rer, pour construire...
Cet investissement l’a aidée à per- fectionner son savoir, mais elle ne gagnait pas sa vie. Il lui fallait aussi arriver à vivre de son métier : « Après une première entreprise avec un filou, j’ai créé ma société, puis j’ai rencontré un ébéniste qui est devenu un grand ami et mon
collègue. » Ça marchait bien, mais, en 2008, elle est tombée malade. Gravement malade : LLC - Leucémie Lym- phoïde Chronique. Un cancer du sang. « En 2008, notre entreprise de menuiserie vivait de grandes difficultés. Moi, je m’y investissais à fond, pour garder les ouvriers : quand tu es chef d’entreprise, tu ne penses qu’au chiffre d’affaires. » Et cela jusqu’à la découverte de sa maladie lors d’une analyse de sang : « Le spécialiste m’a dit de ne pas trop m’inquiéter et que ça arrivait aux femmes à partir de 50 ans, que la maladie évoluait lentement, qu’il était possible de la stabiliser, sinon, il fallait faire de la chimio. » Elle était inquiète, très inquiète car ce médecin et les autres lui disaient qu’on ne pouvait rien faire à ce stade, qu’il n’existait pas de médicament pour cette maladie, qu’il fallait attendre et peut-être se rapprocher d’autres malades, pour ne pas se sentir seule.


































































































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