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LA CHRONIQUE DE PINAR
ELLE REPREND LES RÊNES
Chantal ne voulait pas attendre passivement la chimio et a décidé de reprendre les rênes de sa vie : « Si la leucémie s’était déclarée chez moi, c’est qu’il fallait que je change quelque chose, alors j’ai décidé de vivre autrement. » Cette maladie lui apparaissait comme le signe d’un besoin de changement fondamental dans sa vie. « Heu- reusement que le médecin m’avait dit qu’on ne pouvait rien faire, c’est comme ça que j’ai révolution- né ma vie. » Elle a d’abord décidé de lâcher son entreprise et de vivre son rêve : un travail de création et de transmission plus serein. Elle a commencé à être à l’écoute d’elle- même : « Je me souciais beaucoup des autres et je m’oubliais. C’était toujours comme ça. Je donnais, mais je sentais que je m’affaiblis- sais. Je voulais continuer à donner, mais en étant plus forte. »
commerce, elle travaille mieux, mais moins. Elle gagne moins aus- si. Ce n’est pas grave pour elle : « J’ai appris à gérer autrement ma vie. J’ai diminué mes dépenses, pour vivre mieux, simplement. »
ÉQUILIBRE ET PARTAGE
Chantal est bouddhiste depuis 1987. Tous les enseignements qu’elle a appris dans ce parcours l’aident beaucoup à garder son équilibre.
« La leucémie est une maladie du sang. Elle est arrivée pour me faire réaliser que je me faisais du mau- vais sang. Pour le nettoyer, je me suis éloignée des mauvaises éner- gies. Avant tout, j’ai vécu un pro- fond changement intérieur. Je suis une personne très inquiète... pour le travail, pour les autres. Mainte- nant, je partage mon inquiétude et je l’apaise ainsi. Je vais vers les per- sonnes qui sont dans le partage. Je parle et j’agis avec les gens qui sont à l’écoute. »
Chantal est toujours de nature inquiète. « Mais cette inquiétude ne me ronge plus de l’intérieur. Je m’apaise en parlant. On trouve des solutions ensemble... Quand on est dans le partage, tout devient possible. »
Et sa maison ? « En 2013, j’ai dé- cidé de construire ma maison, pour qu’elle soit à mon image, respectueuse de la nature et des personnes qui y habitent. Avant, c’était moi qui portais la maison. Maintenant, elle me porte, elle me protège. »
« Mon sang n’est plus mauvais. Je ne suis plus inquiète. Les diagnos- tics médicaux sont bons. Il y a une vraie stabilisation. »
Au lieu de subir, Chantal a décidé d’être actrice de sa vie. Elle a ap- pris à se faire du bien, avec l’aide de naturopathes, de magnétiseurs, d’ami.es qui aiment partager, qui savent aimer.
Merci Chantal pour cet enseigne- ment. Je vais continuer à te suivre, à t’écouter, à te parler, à t’aimer...
Pınar
Construire et transmettre les connaissances
Chantal aime construire : « Quand tu améliores l’habitat des personnes, elles sont contentes. C’est génial de faire du bien aux autres. » Alors elle est à l’écoute des personnes pour lesquelles elle travaille : « J ’essaie d’être plus près de leurs besoins. Je réfléchis avec elles... Dans la construction, je mets l’humain au cœur. Et le résultat est toujours meilleur. » Elle aime transmettre ses connaissances. Elle l’a toujours fait. Mais, depuis 2015, cette tâche individuelle a pris un tour collectif. Elle et Manu, électricienne montreuilloise, qui est une femme exceptionnelle, ont créé l’Association « Les Enchantières » pour transmettre aux femmes les savoirs de la construction. Aujourd’hui, Les Enchantières réunissent des centaines de femmes et sont en train de rendre réel un rêve. Je vous le raconterai...
Oui, en tant que femme chef SE PROTÉGER ET NE PAS SUBIR
d’entreprise dans un métier dit d’homme, il fallait qu’elle soit tout le temps costaud. « J’ai fini par lâ- cher l’entreprise et je suis devenue plus tranquille. Avant tout, il n’y avait plus de salariés qui dépen- daient de moi. » Elle précise que le changement s’est fait dans le res- pect des travailleurs : « Petit à petit, en douceur, sans mettre personne dehors... » Ensuite, Chantal a pris une année sabbatique : « Je voulais ne plus rien faire... »
Puis elle a repris le rabot, les scies... « Quand j’étais chef d’entreprise, je déléguais, je ne touchais quasiment pas le bois. Maintenant, je travaille tranquillement et avec joie. » Elle a retrouvé le plaisir de construire. L’artisanat a pris le pli sur le
Elle parle d’un changement inté- rieur profond, mais il faut dire qu’elle a changé beaucoup d’autres choses : son alimentation, son lit, sa maison, ses outils de travail. Elle s’était lancée depuis longtemps dans une production respectueuse de la nature, suite à une intoxication pulmonaire. Et sa leucémie n’est pas tombée du ciel... Car, au début des années 2000, elle ne se proté- geait pas : « Je travaillais avec toutes sortes de produits de finition et des colles. À la fin, je ne pouvais plus respirer. L’intoxication pulmonaire m’a secouée et je me suis intéres- sée aux constructions écologiques ; je choisis du bois et des produits respectueux de l’environnement. »
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