Page 111 - Rebelle-Santé n° 216
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ÉCOLOGIE
prélevé dans ses propres champs, le second sur des terres cultivées selon le modèle de l'agriculture biologique et le troisième sur des terres culti- vées de façon conventionnelle. Sur le premier, les racines sont profondes, la faune très fournie, et la terre forme une motte alors que les deux autres montrent une terre friable aux ra- cines courtes. Il explique ainsi que le but de l'agriculture de conservation est de restaurer la richesse des sols et de la faune comme les vers de terre. Leur rôle, comme celui des araignées ou des champignons, est très impor- tant. La matière organique du sol est précieuse, il faut donc travailler le sol le moins possible, pour qu'il soit en- tretenu de façon naturelle par les ra- cines et les vers de terre. Ce procédé consiste à « soigner la terre » pour la rendre plus fertile, c’est sans doute là une piste essentielle pour ne plus avoir besoin de « traiter chimique- ment » les végétaux (au détriment de la santé des sols, d’ailleurs).
De leur côté, les producteurs bio té- moignent de l’intérêt économique de cette pratique. Deux d’entre eux, qui ont « converti » la terre de leurs ancêtres, expliquent qu’aujourd’hui, de l’exploitation de leur ferme vivent trois associés et un employé.
Notre rôle est déterminant
Animée par des membres très diplo- mates de notre groupe de coqueli- cots donnemaritains, cette réunion fut l’occasion d’échanges réellement constructifs où l’on a pu montrer aux agriculteurs que nous n’étions pas leurs ennemis, bien au contraire. D’ailleurs, les maraîchers bio présents ont rappelé que, quel que soit leur mode de production, ce qui rassem- ble les paysans est beaucoup plus fort que ce qui les oppose. Et nous souhaiterions qu’ils sachent que, loin de vouloir jouer la carte de la culpa- bilisation, nous ne demandons qu'à les aider à améliorer leurs pratiques. Eux-mêmes et leur entourage en se- raient sans aucun doute les premiers bénéficiaires (il suffit de constater le nombre de maladies professionnelles liées à l’usage des pesticides).
Les débats se sont conclus par un double constat : d'abord (rappelons- le) que chacun d’entre nous, consom- mateurs, joue un rôle capital qui in- flue directement sur notre avenir et celui des producteurs. Ensuite que le système libéral, dont fait partie le secteur agricole, verrouille les initia- tives. Les agriculteurs sont pris dans un étau, se pliant à des règles parfois absurdes qui nuisent à leur travail :
l’un d’entre eux nous explique qu’il n’a pas le droit de vendre son blé en direct, mais est tenu de passer par une coopérative.
La question de la transparence est également au cœur du débat : le con- sommateur doit exiger une traçabili- té de la production et de la transfor- mation.
En somme, chacun est acteur (con- sommateur, producteur) et a sa part de responsabilité dans le système. Si les personnes présentes à notre réunion en sont manifestement con- vaincues, il nous appartient désor- mais de communiquer largement sur le fait que, dans ce combat vers une production plus « saine », rien ne sert de se confronter, d’opposer les systèmes, mieux vaut s’unir pour trouver des solutions durables et équitables pour tous.
Nous continuerons à nous rassembler chaque premier vendredi des mois à venir et à faire en sorte que toutes les opinions puissent s’exprimer. N’oubliez pas d’aller signer l’appel « Nous voulons des coquelicots » et de le faire signer autour de vous.
Jennifer Lichtleuchter
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