Page 57 - Rebelle-Santé n° 226
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  PATHOLOGIIES
   s’accompagne d’une cuisson aléa- toire des aliments (trop forte), sus- ceptibles notamment de produire des éléments cancérigènes pour 63 % des patients anosmiques. Pour 51 % des patients, l’anosmie est res- ponsable d’une absence de détec- tion des aliments avariés. Pour 47 %, le manque d’odorat fait craindre une absence de réaction devant une émanation de gaz. Et enfin pour 26 % des personnes, c’est l’impos- sibilité de détecter les fumées d’incendie. Bien sentir est donc un élément de sécurité important.
DES RÉCEPTEURS...
Schématiquement, l’odorat résulte de la stimulation de cellules sen- sorielles. On dénombre environ 500 récepteurs de l’odorat qui sont renouvelés en permanence. Ces ré- cepteurs sont stimulés par des com- posés chimiques fournissant une information sur l’environnement. Les signaux nerveux empruntent ensuite le nerf olfactif qui informe le bulbe olfactif, une zone dédiée à l’olfaction, située au niveau de la partie inférieure du cortex frontal, sous la racine du nez.
... AUX ÉMOTIONS
Le signal olfactif ne s’arrête pas au bulbe olfactif. Du bulbe olfac- tif partent ensuite des signaux en direction de l’hippocampe, de l’amygdale, de l’hypothalamus, du thalamus, du cortex visuel et enfin du cortex piriforme. Toutes ces formations cérébrales jouent alors leur rôle de mémoire, d’émo- tions, de peurs ou de stimulations diverses (faim). L’odorat est donc intimement lié à notre vie passée et à nos émotions (la fameuse made- leine de Proust).
INFECTIONS
Les rhinites purulentes aiguës peu- vent s’accompagner d’une perte de l’odorat, définitive parfois. Mais d’autres pathologies sont aussi concernées comme les polypes na- sosinusiens, les infections dentaires
ou les interventions chirurgicales sur les sinus. Quant à l’anosmie d’origine virale, elle s’explique notamment par la destruction de la muqueuse et peut même per- durer après la fin de l’infection. La récupération complète n’intervient qu’une fois sur trois seulement. Il n’existe malheureusement aucun traitement connu en cas contraire.
Dr Daniel Gloaguen
 AUTRES TROUBLES DE L’ODORAT
• Cacosmie : perception d’une odeur désagréable qui n’existe pourtant pas dans l’environnement
• Parosmie : perception erronée d’une odeur
• Phantosmie : hallucination olfactive
• Syndrome d’intolérance
aux odeurs : ensemble de symptômes hétéroclites lors
de l’olfaction d’une odeur particulière et indésirable : malaise, maux de tête, fatigue, perte de mémoire, picotements dans la gorge, douleurs thoraciques, abdominales ou oculaires.
   AUTRES CAUSES
• Maladie d’Alzheimer. Les troubles de l’odorat pourraient être un signe de la maladie à un stade précoce
• Traumatisme crânien, avec choc occipital ou frontal. Le traumatisme peut cisailler le nerf olfactif par ébranlement au niveau de l’un des os de la face (ethmoïde)
• Fracture des Os Propres du
Nez ou celle des cartilages. Cette fracture peut détruire en partie la muqueuse nasale qui abrite les fameux récepteurs de l’olfaction
• Grossesse
• Hypothyroïdie
• Intoxication aux métaux lourds
(cadmium, plomb...)
• Maladie de Parkinson
• Diabète
• Certains médicaments :
psychotropes, contraceptifs oraux, bêtabloquants, certains antihypertenseurs
• Insuffisance rénale (déficit en zinc) ou surrénale
• Cirrhose du foie
• Sclérose en plaques
• Tabagisme
• Insuffisance surrénale
• Maladie de Horton
• Maladie de Goujerot-Sjögren
• Affections hépatiques
(hépatites)
• Usage de cocaïne (sniff).
  de l’odorat peut être également un signal d’alarme, par exemple de développement de tumeurs céré- brales dans l’une des zones du ré- seau sensoriel olfactif.
... ET PEUT SAUVER LA VIE
Un mauvais odorat n’est pas sim- plement gênant dans la vie de tous les jours. L’anosmie peut avoir des conséquences domestiques graves. Ainsi, d’après une étude parue en 2008, la perte de l’odorat
   ORIGINE GÉNÉTIQUE
Chez l’humain, on estime qu’il existe un millier de gènes régissant l’olfaction. Ces derniers seraient portés par une quinzaine de chromosomes, sur les 46 existants que comporte notre génome. Une découverte issue des recherches d’une américaine, Linda Buck, en 1991, qui a d’ailleurs reçu le Prix Nobel de Médecine en 2004 pour ses travaux.
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