Page 6 - Rebelle-Santé n° 226
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En bref
par Sophie Lacoste
Pollution agricole :
pas de pause, au contraire...
Avec le confinement et la baisse de l’activité éco- nomique, on a brûlé nettement moins de pétrole et de kérosène, et le ciel s’est éclairci : une partie de la pollution atmosphérique, en particulier les dioxydes d’azote (Nox), a nettement diminué. Mal- heureusement, un autre type de polluants est venu ternir ce beau tableau printanier : les particules fines liées aux épandages agricoles. Alors que le Covid tire la sonnette d’alarme pour que nous respections enfin un peu mieux la nature, dès le début du confi- nement, 25 préfets, sous la pression du syndicat FNSEA, ont validé une charte permettant de réduire les distances de protection – déjà bien loin de ce que le principe de précaution devrait rendre obliga- toire – entre les zones d’épandages des pesticides et les habitations.
Covid-19 :
il toucherait moins les fumeurs
Il y a moins de fumeurs hospitalisés pour Covid-19 que de non-fumeurs. En France, où on compte envi- ron 25 % de fumeurs quotidiens dans le pays, 8,5 % des malades du Covid-19 seulement le sont... Ce sont les chiffres donnés par l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris début avril à partir de 11 000 pa- tients. Une étude chinoise publiée dans le British Medical Journal fin mars va dans le même sens. Les scientifiques qui étudient ce phénomène font l’hy- pothèse qu’il s’agit d’un effet de la nicotine (dans ce cas, les « vapoteurs » seraient aussi protégés... mais il faudrait avoir des chiffres là-dessus pour le savoir). Car attention : ce n’est pas une raison pour vous mettre à fumer. Il faut toujours évaluer le rap- port bénéfices/risques...
Covid-19 : un espoir pour les cas sévères
Dans les formes sévères de Covid-19, c’est un peu comme si la présence du virus dans l’organisme déclen- chait un cataclysme : le système immunitaire devient « fou » et c’est lui qui s’attaque à certaines cellules (c’est le fameux « orage cytokinique » ou « emballement im- munitaire »).
Plusieurs études sont actuellement menées sur les effets de médicaments agissant sur le système immunitaire, dont l’un utilisé jusqu’à maintenant dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde : le tocilizumab.
L’un de ces essais* a été mené en France sur 129 pa- tients hospitalisés pour pneumonie Covid-19, moyenne ou sévère, mais ne nécessitant pas de réanimation au moment de l’admission. Les résultats menés avec le tocilizumab sont très encourageants même s’ils doivent encore être confirmés.
Croisons les doigts !
* essai multicentrique conduit par la collaboration de re- cherche académique COVID-19 Assistance Publique - Hôpi- taux de Paris/Universités/INSERM-REACTing
Islande, un bel exemple
Ce pays a pris une direction différente de la plupart des autres pays pour gérer la crise sanitaire du Covid-19 en décidant de tester un maximum de personnes depuis le début (le premier cas a été dépisté le 28 février chez une personne de retour d’Italie).
Mi-avril, ils avaient déjà testé 10 % de la population avec un dépistage ouvert à tout le monde (sans besoin de ressentir de symptômes ou d’avoir été en contact avec une personne ayant le virus)... Parmi les personnes qui présentaient les symptômes connus de la maladie, ou qui avaient été en contact avec des malades ou bien qui revenaient d’une zone « à risque » : 13,3 % étaient infectées. Parmi les personnes asymptomatiques : 0,6 à 0,8 % d’entre elles étaient contaminées. Les per- sonnes détectées positives devaient rester chez elles, soit jusqu’à un test négatif, soit en attendant au moins dix jours après avoir eu de la fièvre. Celles qui avaient été en contact avec des personnes positives devaient s’isoler 14 jours.
Les tests ont permis d’isoler les cas dès le début et sans doute de limiter efficacement la propagation du virus et le nombre de morts. Car, dans près de la moitié des cas, il n’y avait aucun symptôme chez les porteurs du virus (qui auraient pu contaminer de nombreuses personnes s’ils n’avaient pas été isolés). Ces tests ont confirmé que les femmes sont moins susceptibles d’être positives au Covid-19 que les hommes et que les enfants n’étaient pas si « porteurs sains » qu’on l’avait imaginé : aucun des moins de 10 ans qui ne présentaient pas de symptôme ou une simple goutte au nez n’était porteur du virus. Et chez ceux qui avaient des symptômes « typiques » du Covid-19 (fièvre, toux...), seuls 6,7 % étaient porteurs du virus.
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