Page 8 - Rebelle-Santé n° 226
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En bref(suite) par Sophie Lacoste
  Tests Covid-19 : comment ça marche ?
Quand on parle de tests concernant le Covid-19, il peut s’agir de deux sortes de tests :
• Les tests sérologiques : ce sont des tests qui, à partir d’un échantillon de sang, vont relever la présence d’an- ticorps spécifiques montrant que le virus est « passé par là », c’est-à-dire que vous « avez eu le Covid » (et peut- être l’avez-vous encore). Il semblerait, avec le Covid-19, que 30 % des personnes n’ont pas ces anticorps, même après avoir eu la maladie. Encore un mystère du petit virus, qui ne facilite pas la tâche des chercheurs.
• Les tests PCR (voir aussi p. 15) : ce sont ceux que l’on réalise avec un bâtonnet au fond du nez pour savoir si la personne est contaminée. Ce sont les tests actuelle- ment pratiqués chez les personnes présentant des symp- tômes pouvant être attribués au Covid – on parle de 150 000 tests par semaine réalisés mi-avril – que notre ministre de la santé a promis plus nombreux une fois sortis du strict confinement (700 000 tests prévus par se- maine). Ce sont des tests de confirmation de diagnostic qui pourraient aussi servir à faire un vrai dépistage (car la maladie, on le sait maintenant, peut se manifester de nombreuses manières différentes, pas seulement sous forme de symptômes grippaux et même passer inaper- çue tout en étant hyper contagieuse).
• Comment ça marche : on vous grattouille tout au fond du nez avec un petit écouvillon. La méthode PCR (polymerase chain reaction) permet, en laboratoire, de « multiplier » les éléments du génome du virus pour les rendre détectables et identifiables. Les résultats sont disponibles en quelques heures.
• Fiabilité : a priori, si le test est positif, pas de doute, le Covid est là. Mais s’il est négatif, son absence n’est pas certaine. On parlait encore, mi-avril, de 20 à 30 % de « faux négatifs ». Mais les labos s’activent pour les rendre de plus en plus fiables (on parle même de tests salivaires à l’étude au CHU de Montpellier, qui donne- raient des résultats dans la demi-heure, et d’autres qui, à partir d’une goutte de sang, donneraient des résultats 15 à 45 minutes plus tard).
L’intérêt majeur d’un « large dépistage »
D’après un article publié en ligne le 17 avril dans le British Medical Journal, émanant de chercheurs suisses et faisant un point sur les caractéristiques du Covid-19, on apprend que 86 % des cas de Covid-19 sont sans doute passés inaperçus en Chine.
En effet, si la maladie a été initialement repérée à la suite de symptômes de pneumonie sévère (fièvre, toux et essoufflement), on s’aperçoit partout dans le monde que les manifestations peuvent être bien différentes et de gravité variable (et associées ou non) : troubles gastro-intestinaux, diarrhée, perte du goût et/ou de l’odorat, signes neurologiques (maux de tête, ver- tiges...), problèmes cardio-vasculaires, augmentation des sécrétions lacrymales (yeux qui pleurent), rhume, mal de gorge...
Par ailleurs, ce document indique que la charge virale est la même dans les voies supérieures respiratoires des personnes contaminées, qu’elles n’aient pas de symptômes, qu’elles en aient peu, ou qu’elles soient gravement atteintes. Elles sont donc toutes aussi sus- ceptibles de transmettre le virus.
12 % des cas de transmission viendraient de per- sonnes ne présentant pas ou pas encore de symp- tômes.
Ce qui signifie, d’après ces scientifiques, que « les tests devraient être étendus bien au-delà des personnes qui correspondent à une définition de cas étroite et/ou à des populations actuellement considérées à risque ». Toujours selon cet article, « la stratégie actuelle ne permettra pas de saisir l’image complète, manquant un nombre important de patients présentant des formes atypiques ou peu de symptômes. Pire, des cri- tères de test restrictifs pourraient conduire à des cas non reconnus de transmission du virus dans les éta- blissements de santé et ailleurs, et à des retards dans le triage et la prise en charge appropriés des patients. »
Les chercheurs suisses préconisent « un large dépis- tage de la population pour les infections par le SRAS- CoV-2 ».
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