Page 13 - Rebelle-Santé n° 191
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LA CHRONIQUE DE PINAR
des filles. Vous imaginez com- ment ces différences anatomiques peuvent alimenter le discours sexiste qui consiste à considérer comme « naturels » les violences et les rapports de domination. Or, les études récentes montrent que les différences anatomiques ne sont qu’apparentes : « Elles dispa- raissent si l’on prend en compte la taille du cerveau en tant que telle. Ainsi quand on compare des cer- veaux d’hommes et de femmes de même volume, on ne voit plus de différence dans les volumes des régions cérébrales. »
Vive la plasticité !
Et vive l’IRM ! Parce qu’elle a per- mis de réaliser des avancées im- portantes dans la connaissance de la structure et du fonctionnement du cerveau, dont les propriétés de « plasticité » du cerveau humain : « Un des apports majeurs de l’IRM est d’avoir révélé les capacités de plasticité du cerveau (...). Au cours des apprentissages et des ex- périences vécues, on peut "voir sur un écran" se modifier la structure du cerveau au fur et à mesure que se créent de nouvelles connexions entre les neurones. Rien n’est ja- mais figé dans nos cerveaux, quels que soient les âges de la vie. Les anciennes théories qui préten- daient que tout était joué très tôt, avant six ans, sont révolues ». À la naissance, la construction du cerveau n’est pas terminée, « car les connexions entre les neurones, ou synapses, commencent à peine à se former : seulement 10 % d’entre elles sont présentes à la naissance. Cela signifie que 90 % des synapses se fabriquent à partir du moment où le bébé commence à entrer en contact avec le monde extérieur ».
Davantage d’espoir
Se pencher sur le processus très complexe du développement du cerveau nous donne de l’espoir, pour soigner certaines maladies, bien évidemment, mais aussi par rapport aux hiérarchies sociales que nous légitimons en nous
appuyant sur le fait que ce serait « naturel ». De nos jours, ces ex- plications deviennent de plus en plus ridicules, car tout le monde connaît maintenant le rôle déter- minant de l’environnement phy- sique, social et culturel sur notre corps. Notre cerveau est dyna- mique et l’expérience façonne le cerveau tant chez les enfants que chez les adultes.
Je porte un grand espoir d’une ci- vilisation dans laquelle nous pour- rions toutes et tous nous épanouir ensemble !
Je vous souhaite un hiver joyeux et solidaire !
Pınar Selek avec la collaboration d’Alain Desgranges
* Catherine VIDAL est neurobio- logiste, Directrice de Recherche à l’Institut Pasteur, co-animatrice du groupe « Genre et Recherches en Santé » au sein du Comité d’éthique de l’Inserm.
Pour les citations, voir : Vidal C.,
Nos cerveaux, tous pareils tous différents ! Édition BELIN, 2015.
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