Page 12 - Rebelle-Santé n° 191
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LA CHRONIQUE DE PINAR
« Nos cerveaux, tous pareils tous différents ! »
Bonjour mes rebelles ! Le temps passe vite. Le prin- temps, l’été, l’automne,
l’hiver. J’aime toutes les saisons. J’aime voir changer la nature, les arbres, le ciel, même les mouve- ments de la mer... Mais quand je vois tant de personnes qui dor- ment dans les rues ou dans des bâtiments pourris, sans chauffage, sans rien, je rêve que l’hiver s’en aille vite. Ce n’est pas la faute de l’hiver ni de la nature. C’est notre faute. La civilisation humaine est la source de tous les problèmes que nous vivons.
Mais je vous parlerai, comme toujours, de l’espoir, des petites lumières, des portes ouvertes... Est-ce que vous vous souvenez, il y a quelques mois, j’ai ouvert ma rubrique à un sujet particulier et générateur de débats : l’autisme ? Aujourd’hui, je m’intéresse aussi à un sujet complexe : les diffé- rences entre homme et femme, et pour cela, à la plasticité du cerveau (le caractère souple et dynamique du cerveau donne aujourd’hui de l’espoir à de nom- breuses personnes atteintes de troubles cérébraux).
Les cerveaux des femmes et des hommes
De nombreux chercheurs ont cherché à savoir si les hommes et les femmes avaient des cerveaux différents... J’ai voulu creuser ces analyses, mieux connaître ces tra- vaux passionnants. Par exemple ceux de Catherine Vidal*. À partir des résultats de recherches sur la
plasticité du cerveau, cette neu- robiologiste nous montre com- ment le sexe biologique ne suffit pas à « faire » une femme ou un homme. Nous connaissons bien la fameuse phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme : on le devient ». C’est la même chose pour les hommes. Bien sûr que nous avons des dif- férences, mais la plupart de ces différences, même physiques, sont en réalité construites socia- lement. Un exemple cité par Ca- therine Vidal : « Porter les talons déforme les pieds des femmes, ce qui favorise l’ostéoporose et les risques de fractures ».
Grâce aux nouvelles techniques d’imagerie cérébrale comme l’IRM, nous sommes en train de déconstruire notre perception des caractères humains. Nous savons maintenant que le cerveau se modifie, sans arrêt, en fonction de l’apprentissage et de l’expé- rience vécue. Dans son livre Nos cerveaux, tous pareils tous diffé- rents !, C. Vidal nous fait part des résultats de ses recherches qui, tout en nous aidant à mieux com- prendre les êtres humains, nous amènent à une approche bien plus égalitaire des sexes.
Supériorité sociale
Au-delà des différences phy- siologiques entre les femmes et les hommes, peut-on parler de supériorité d’un sexe par rapport à l’autre ? Celles et ceux qui me connaissent savent combien cette notion de supériorité d’un sexe
sur l’autre m’est insupportable. Heureusement, les mouvements féministes, en France et ailleurs, ont changé beaucoup de choses : des habitudes, des perceptions, des préjugés. Mais on a encore un long chemin à parcourir. Au- jourd’hui, bien que les femmes aient pu arracher des progrès, notre environnement reste pro- fondément marqué par le patriar- cat. Pas besoin de vous dire que, dès les premiers âges de la vie, les filles ne bénéficient pas du même traitement que les garçons. Dans son livre, Catherine Vidal fait part des résultats d’une étude qui a comptabilisé le nombre de jouets à roues présents dans les chambres d’enfants de la nais- sance à cinq ans : 375 dans les chambres des garçons contre 17 dans celles des filles ! « Rien d’étonnant à ce que les garçons, familiarisés dès le plus jeune âge aux voitures et aux camions, préfèrent ces jouets à d’autres. Inversement, les poupées sont majoritaires dans les chambres des filles ». Elle insiste sur le rôle majeur des parents dans l’orienta- tion des préférences des enfants : « Dans la tranche de 12 à 27 mois, les adultes de l’entourage des enfants vont en majorité choi- sir des jouets différents selon le sexe. Ils tendent à réagir positive- ment quand les filles jouent à la poupée et négativement quand les garçons s’y frottent ».
Une légende circule depuis belle lurette : le volume du cerveau des garçons, à la naissance, serait supérieur d’environ 10 % à celui
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