Page 18 - Rebelle-Santé n° 191
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COSMÉTIQUES
P Au début de l'hiver, elles entrent en phase dormante, se reposant sous la forme de spores rouges sur la neige. En fait, elles deviennent rouges car elles produisent beau- coup plus de caroténoïdes (des pigments naturels) pour se protéger des rayons UV.
P Au printemps, la fonte des glaces, tout comme l'accroisse- ment de la lumière et du niveau de nutriments, stimule la germi- nation : les cellules des algues des neiges se « chargent » en pigments contenant de la chlorophylle et de- viennent vertes. C'est que la chlo- rophylle absorbe l'énergie du soleil pour produire des carbohydrates, un véritable carburant qui nour- rit les activités des algues. C'est le processus de photosynthèse. Et ces algues devenues vertes sont dotées d'une paire de flagelles qui leur permet de se déplacer au fil des sillons formés par la fonte des neiges. Elles peuvent ainsi voyager à la surface des glaciers où elles prospèrent.
P À la fin de l'été, cette étape de croissance et de reproduc- tion alterne de nouveau avec une phase dormante. Les algues vertes redeviennent rouges pour survivre jusqu'au printemps suivant.
De la pRoDuCtion à l'objeCtivation Cosmétique
Les changements de concentration pigmentaire sont une des straté- gies développées par les algues des neiges pour leur permettre de s'adapter à leur habitat extrême. Mais elles en ont d'autres, comme la production d'autres métabolites secondaires comme des biopoly- mères, des glycoprotéines « anti- gel » (AFGPs) ou des aminoacides osmotiques et des sucres...
Toutes ces propriétés, comme les substances produites par ces algues des neiges, ont intéressé une société suisse, Mibelle Bioche- mistry, spécialisée dans la mise au point d'ingrédients actifs cosmé- tiques innovants.
La création d'un ingrédient « vert »
Dans un premier temps, le chal- lenge a consisté à reproduire en la- boratoire les conditions de vie ex- trêmes des algues des neiges, pour en permettre la culture. Cette étape accomplie avec succès, il fallait encore en réussir la récolte, ce qui a été fait en ouvrant les parois cel- lulaires des algues pour encapsuler leurs contenus dans des liposomes et les disperser dans une poudre à base de maltodextrine, mélange de malte et d'un glucide, la dextrine. Un processus qui offre de nom- breux atouts, parmi lesquels la pré- servation des espèces d'algues des neiges (par un procédé de produc- tion durable basé sur la biotechno- logie), la disponibilité de l'ingré- dient quelle que soit la saison et la demande du marché, un matériau ne contenant aucun polluant envi- ronnemental ni pesticide, et des concentrations constantes en mé- tabolites dans l'extrait obtenu au travers d'un process de production défini et contrôlé.
Un nouvel ingrédient cosmé- tique est né, et porte le nom de Coenochloris Signiensis Extract, Maltodextrin, Lecithin, Aqua/Water. Le laboratoire ajoute qu'il est « sans conservateur ».
Vert et durable : que demander de plus ? La preuve de son efficacité, bien sûr...
Une efficacité prouvée
Et c'est le but des études menées par le laboratoire qui l'a mis au point.
P Stimulation du gène KLOTHO : indépendamment des niveaux de nutriments et d'insuline, ce gène joue un rôle dans le processus de vieillissement en ralentissant les ré- cepteurs de l'insuline. Le stimuler induit donc une réponse métabo- lique similaire à celle de la restric- tion calorique. L'action de l'algue des neiges a été objectivée sur ce point avec un dosage à 0,1 %.
P Activation de l'AMPK : l'algue des neiges stimule l'activation de cette enzyme, de façon plus ou moins importante en fonction de son dosage, y compris en cas d'ex- cès calorique. Elle protège ainsi les cellules et leur système de défense, et permet de limiter le déclin natu- rel de l'AMPK lié à l'âge.
P Stimulation des collagènes : à 0,1 %, l'algue des neiges limite la baisse du collagène I due à la sénescence et stimule fortement le collagène III, le plus abondant dans la peau.
Et ce ne sont là que quelques ré- sultats : les algues des neiges ont aussi prouvé leur activité sur la jonction dermo-épidermique (gage d'une bonne fonction barrière de la peau), et ont également montré des effets hydratant, lissant, éclair- cissant des taches brunes...
Des peRspeCtives qui font RêveR
On en veut, on en redemande ? Oui, mais... ce nouvel actif, qui n'a été lancé qu'en 2014, n'est pas encore très répandu dans les pro- duits cosmétiques disponibles sur le marché.
On le trouve bien dans la gamme Ice Crystal de la marque La Prai- rie... mais il faut avoir les moyens, ces produits sont parmi les plus chers du marché. Il a aussi été inté- gré dans des formules des marques Dr Grandel en Allemagne, Rodial et Skin Chemists au Royaume-Uni ainsi qu’Elizabeth Grant au Canada.
Une offre encore assez limitée, mais il y a fort à parier, vues les promesses qu'ils portent, que d'autres fournisseurs d'ingrédients s'intéressent à ce type de micro- organismes, et qu'on les retrouve assez vite dans des gammes plus étendues de produits !
Et qui sait ? Après les produits anti-âge, on ne peut s'empêcher de déjà rêver à leur objectivation et leur mise en œuvre dans d'autres cosmétiques, par exemple amincissants...
Laurence Wittner
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