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Études, chiffres et faits
par Sophie Lacoste
Le cannabis, potentiellement anticancéreux
Dans une interview de Paul Hofman, directeur du laboratoire de pathologie de Nice et cher- cheur pionnier dans la détection du cancer du poumon, ce n’est pas le cannabis en lui-même qui serait facteur de cancer, mais tout ce qu’on lui associe : le tabac et ce que les vendeurs de « shit » ajoutent pour « gonfler » les ventes. Pur, à l’état naturel, au contraire, le cannabis serait « anticancer ». Mais voilà, on ne dispose que d’études in vitro, en laboratoire, pour le prou- ver ; rien sur des humains, pas d’essai clinique (il faut garder à l’esprit que le cannabis est une plante, donc non brevetable, alors pas forcé- ment très intéressante pour l’industrie pharma- ceutique...).
Vient alors la question de la loi. Imaginons qu’on ait le droit de cultiver ses propres plants de cannabis, le problème des additifs et de la qualité ne se poserait plus. Évidemment, il y a le revers de la médaille. Car si, a priori, le cannabis se révèle un bon anticancéreux (et, témoignages à l’appui, un excellent moyen de supporter la chimio sans trop d’effets secondaires), il serait malhonnête de nier ses effets sur la motivation et les capacités d’apprentissage, bref, de ne pas prendre en compte ses effets très néfastes chez des jeunes qui se retrouvent en perdition sans avoir idée que ce qu’ils fument avec leurs potes puisse contribuer à leur mal-être et à leurs échecs...
Du nouveau concernant la maladie d’Alzheimer
Ouf... Quelques bonnes nouvelles concernant cette maladie aux résonances inéluctables ! Tout d’abord, une étude menée en Californie montre qu’en aug- mentant le taux d’une protéine, la neuréguline, on limite les amas de plaques amyloïdes (qui étouffent les neurones et envahissent les synapses)... Les cher- cheurs pensent que cette protéine active la produc- tion d’une enzyme qui « digère » ces envahissantes plaques. Pour le moment, ce sont des rongeurs qui ont eu droit au test. Une autre étude, chez des humains cette fois, menée par des scientifiques américains et suisses sur 165 personnes atteintes depuis peu par la maladie, est très encourageante. Les scientifiques ont injecté à ces patients un anticorps de leur fabrication nommé aducanumab et ont constaté une régression des plaques amyloïdes (ils avaient déjà constaté que cette molécule faisait disparaître 70 % de ces amas dans le cerveau des souris) et une amélioration des fonctions cognitives. Bien entendu, tout ceci est à ses débuts et les chercheurs indiquent qu’il faut encore trouver le bon dosage, limiter les effets secondaires, etc. Mais l’espoir est là !
Autre nouvelle du côté d’Alzheimer, on a peut-être découvert pourquoi la nicotine était bénéfique dans ce cas. Ce sont des chercheurs de l’Institut Pasteur qui ont planché sur ce sujet. Mais attention : il ne s’agit pas de justifier le tabagisme, car dans ce cas, le rapport bénéfices/risques n’est pas valable : a priori, seules les études financées par l’industrie du tabac disent le contraire... Mais la nicotine, seule et administrée par d’autres voies (patchs, par exemple), en saturant certains « récepteurs » dans le cerveau, empêche le peptide bêta-amyloïde de s’y installer et d’encombrer ainsi nos neurones... Les scientifiques tentent maintenant de développer une molécule qui aurait tous les bienfaits de la nicotine sans ses incon- vénients (un risque d’hypertension ou la dépendance, par exemple).
Du café pour rester jeune
Lui aussi veut jouer son rôle dans la protection contre Alzheimer ! Une équipe de chercheurs portugais, de l’université de Lisbonne, et français de l’Inserm, vient de montrer que la caféine, qu’on accuse toujours de nous « énerver », serait en réalité plutôt antistress ! Et elle aussi bloque l’activité de certains récepteurs ou vient les encombrer, ne laissant pas de place pour les vilaines plaques amyloïdes typiques d’Alzheimer. Évidemment, tout cela suppose que la consommation de café soit modérée et le café de qualité...
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