Page 67 - Rebelle-Santé n° 223
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   PATHOLOGIIES
   souffrent fréquemment et, parfois, sans jamais consulter un médecin. Or, l’endobrachyœsophage fait le plus souvent suite au reflux. Envi- ron 10 à 15 % des patients concer- nés par un reflux, en majorité des patients de plus de 50 ans, en souf- friront un jour ou l’autre. D’après les dernières statistiques, on estime qu’un reflux pendant plus de 5 ans expose à la survenue de cette « complication », d’où l’intérêt de faire une fibroscopie œsogastrique de dépistage.
MÉTAPLASIE
L’œsophage est un simple tuyau digestif chargé d’acheminer les ali- ments de la bouche vers l’estomac. Les muscles situés dans sa paroi se contractent de manière successive par reptation afin de faire progresser les aliments jusque dans l’estomac. Il s’y abouche par un orifice naturel appelé « cardia ». En cas d’endo- brachyœsophage, les cellules mu- queuses normales qui tapissent l’intérieur du bas de l’œsophage (cellules pavimenteuses) sont rem- placées progressivement par des cellules intestinales de type cylin- drique. Ce phénomène est appelé « métaplasie ».
DE LA DÉGLUTITION DIFFICILE...
Au tout début, la maladie n’est pas symptomatique, au contraire des reflux acides qui, eux, sont facilement identifiés par des remontées acides – jusque dans la gorge parfois – après les repas, en position couchée (lit) avec un réveil nocturne ou en position penchée en avant (quand on lace ses chaussures, par exemple), précédées parfois par des brûlures d’estomac. Après quelque temps d’évolution, la pathologie se manifeste par des difficultés de déglutition, des vomissements ou des nausées, ainsi qu’une perte de poids et une perte de l’appétit. Dans certains cas, ce sont des saignements suivis de selles noires qui vont alerter. Ces symptômes
traduisent une maladie évoluée. Il est alors grand temps de consulter.
... AU RISQUE DE CANCER
Plus que la gêne engendrée par les remontées acides, c’est surtout le risque de cancer (adénocarci- nome) qu’il faut limiter (les spécia- listes considèrent l’endobrachyœ- sophage comme une atteinte de type précancéreux). Le risque est évalué entre 0,3 % et 1 % selon la taille de l’atteinte et la présence ou non de cellules dysplasiques (cel- lules anormales précancéreuses).
DIAGNOSTIC ENDOSCOPIQUE
Une fibroscopie œsogastrique (ou le cas échéant une capsule endos- copique à avaler) permet de dia- gnostiquer la maladie. Une biopsie permet de confirmer l’impression visuelle et de déterminer si les cellules sont déjà dysplasiques. La fibroscopie permet également de mettre en évidence d’autres atteintes liées au reflux, comme un ulcère œsophagien ou une sténose (un rétrécissement du bas œso- phage).
SURVEILLANCE RECOMMANDÉE
Si la maladie est confirmée, mais sans cellules dysplasiques, la sur- veillance régulière du bas œso- phage par fibroscopie destinée à dépister la survenue d’un cancer à un stade précoce est recomman- dée tous les 3 à 5 ans selon l’éten- due de la lésion (respectivement supérieure et inférieure à 3 cm). Les spécialistes estiment que la surveillance n’est plus nécessaire après 75 ans.
ANTI-ACIDES
Les médicaments anti-acides, les inhibiteurs de la pompe à protons ou encore les médicaments proki- nétiques (qui renforcent le tonus du cardia) sont prescrits en préven- tioncarilsréduisentlesremontées acides et limitent ainsi les zones de métaplasie.
Quand l’endobrachyœsophage est étendu et/ou lorsqu’existent des cellules dysplasiques, plusieurs trai- tements sont possibles : la dissec- tion, l’ablation par radiofréquence, ou encore la cryothérapie. Mais les spécialistes ne recommandent pas de tels traitements endoscopiques devant une maladie non dyspla- sique.
Dr Daniel Gloaguen
   PRÉVENTION DU REFLUX
Prévenir le reflux gastro- œsophagien, c’est agir en
amont de la survenue d’un endobrachyœsophage, d’où l’intérêt de prendre certaines précautions comme :
Arrêter de fumer
Surélever les pieds de son lit pour éviter les remontées acides pendant la nuit
Éviter de se baisser juste après avoir mangé
Ne pas se coucher trois heures avant la fin d’un repas
Éviter les aliments favorisant les reflux, comme l’alcool, le chocolat, les épices (piments), le café, les agrumes, les oignons, les aliments gras.
FACTEURS DE RISQUE
Sexe masculin (deux fois plus d’hommes que de femmes sont touchés)
Obésité, avec surcharge abdominale
Tabagisme
Existence d’une hernie hiatale (hernie de l’estomac à travers le diaphragme)
Certains médicaments
qui augmentent le risque de reflux : anticholinergiques, benzodiazépines...
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