Page 36 - Rebelle-Santé n° 199
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HoméopatHie
La GaLerie de portraits Homéo
Je suis ARSeNicum Album
... en détresse !
Peur de mourir, de tomber malade, du chômage, de la pauvreté, des attentats, de vivre seul, de me faire agresser, voler, des crises climatiques et financières... Le vaste monde est inquiétant et menaçant. Rassurez-moi !
Ma philosophie de vie
uMon dieu, pauvre France, pauvre planète, pauvre génération, pauvre... moi. Heureusement qu’il y a encore des gens comme moi, avec des valeurs et un honneur, sinon où irions-nous ? Mais je me sens en danger et en minorité, telle une frêle coquille de noix bringue- balée sur un océan de violence et de méchanceté.
u Déjà, par rapport à la pauvreté : au train où nous allons, nous serons tous SDF et affamés demain, alors j’économise, je rationne, j’évite toute dépense inutile parce qu’on ne sait jamais. On ne va pas vers le beau, donc j’assure mes arrières. Je thésaurise, j’amasse, je collec- tionne les étiquettes de vin ou les appartements (selon mes moyens). Objectivement, je ne manque de rien mais on ne sait jamais... de- main... Même dans les magasins, j’essaie de négocier, tout le temps : « Je vous aurais bien acheté ce vê- tement, mais il y a une petite tache là, vous me faites un prix ? », « Si je vous prends 5 croissants, vous m’en offrez un ? »...
u Par ailleurs, c’est parce que l’on cède du terrain sur des « petites choses » qu’il arrive de grands malheurs. Aussi, j’aime que tout soit propre, en place, y compris
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l’affiche au mur ou le tapis sur le sol. Je peux les tripoter 12 fois pour les aligner au cordeau et que tout soit nickel. Pareil avec les vête- ments : on doit être bien mis, sans tache ni chemise froissée, c’est une question de respect pour soi-même et les autres. Pffff, regardez ces jeunes avec leur jean troué, fran- chement, et ces vêtements criards. Au secours !
À table
uUn repas, ce n’est pas n’im- porte quoi, n’importe comment, n’importe où. C’est un plat chaud (sans viande pour moi), une bois- son chaude, et sans bâfrer à l’excès comme ces gens qui ne savent pas rester dignes à table. C’est une jo- lie table, propre évidemment – pas question de se vautrer au milieu des miettes, des points de sauce et des ronds de pigments de vin sur la nappe, priée d’être impeccable en toute circonstance.
u J’aime manger de petites quanti- tés, régulièrement. Ce n’est pas du grignotage, plutôt un découpage
du repas sur plusieurs heures : quelques olives et des cornichons à 11 h (c’est acide, c’est bon), le plat principal (chaud donc, c’est impor- tant) à 12 h 30, un café avec un carré de chocolat vers 13 h 30, un fruit vers 16 h... Non, pas de vin, merci, je n’aime pas l’alcool, ni rien de glacé – pas de glaces, sorbets –, ni même de l’eau trop fraîche, mais servez-vous, je vous en prie. Et fer- mez la porte s’il vous plaît, j’ai hor- reur des odeurs de cuisine.
Mon rapport À autrui
uProfondément et viscéralement indépendant, je ne veux dépendre de personne, et surtout que per- sonne ne dépende de moi.
uPar ailleurs, on ne mélange pas les torchons et les serviettes (et je ne suis pas un torchon). De plus, ces sorties en groupe où l’on dé- pense à tort et à travers sous pré- texte de s’amuser ; franchement, ça ne m’amuse pas et je trouve ça au mieux frivole, au pire complè- tement infantile : préparons-nous aux lendemains qui déchantent plutôt que de danser sur la proue du Titanic !
uC’est vrai, je suis anxieux, in- quiet, pessimiste, intolérant, triste, peu souriant, pas léger, j’ai la cri- tique facile... Je ne jouis donc pas d’une popularité débordante.
Anne Dufour