Page 7 - Rebelle-Santé n° 199
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Œufs contaminés : c’est quoi le Fipronil ?
Pour mieux comprendre l’histoire qui défraie la chronique depuis cet été, commençons par faire un petit point sur ce qu’est le fameux Fipronil qui a contaminé les œufs. Lors des premières alertes en Europe, les pouvoirs publics se sont voulus rassurants : tout comme le nuage de Tchernobyl, le Fipronil n’avait pas pu traverser nos frontières. Mais il a vite fallu se rendre à l’évidence. Chez nous aussi la substance était arrivée dans nos assiettes...
Mais qu’est-ce donc que le Fipronil ? C’est un insecticide mis au point à la fin des années 1980. Son objectif : anéantir les insectes en perturbant leurs influx nerveux. Aujourd’hui, c’est BASF, géant de la pétrochimie, qui le commercialise. Où et pour quoi faire ? Eh bien, on en a entendu parler ces dernières années parce qu’il ravage les abeilles aux alen- tours des cultures de maïs, tournesol et pomme de terre trai- tées par cette molécule (sous l’appellation Régent®). Et en Europe, son utilisation dans l’élevage et dans la production d’œufs est interdite dans toute l’Union européenne.
D’où le tollé estival auquel on a assisté après la révélation des œufs contaminés au Fipronil. Mais voilà, à y regarder de plus près, les doses retrouvées dans nos denrées alimentaires restent assez faibles, peut- être pas de quoi s’affoler outre mesure, même s’il est évident qu’il faut lutter contre ce genre de pratiques et veiller à ce que la réglementation, généralement très laxiste envers les géants de la chimie, soit au moins respectée.
Ce qui est plus inquiétant encore, c’est que l’on continue à utiliser le Fipronil à qui mieux mieux chez nous, sans ima- giner que l’on s’intoxique et que l’on fait de même (et pire) avec nos chiens et chats. En effet, de nombreux insecticides (pipettes, solutions, shampoings, colliers anti-puces et anti- tiques pour chiens et chats) et des produits à usage domes- tique contre les insectes en contiennent, et à
des doses des dizaines de fois supérieures à celles que l’on pourrait retrouver dans nos assiettes (lisez la composition des produits sur la notice)...
Dernière recommandation : pour évi- ter un maximum de produits toxiques comme le Fipronil, mangez bio. Là, il n’y en a pas !
Le renard et la maladie de Lyme
Et si la folie des humains leur retombait dessus une fois encore ? Le renard, à qui l’on attribue tant de défauts, la subit depuis des années : on en tue entre 600 000 et un million par an. Or, les renards, que l’on considère comme « nui- sibles », se nourrissent de petits rongeurs qui sont d’excellents pourvoyeurs de tiques infec- tées par la borrélia (bactérie responsable de la maladie de Lyme). Une récente étude, menée par des chercheurs anglais sur 20 parcelles d’un hectare chacune, a permis de montrer que plus il y avait de fouines et de renards dans un endroit, moindre était le nombre de tiques infectées ! Bref, en limitant le nombre de ron- geurs, les renards pourraient endiguer la pro- pagation de la borréliose... Ça fait réfléchir !
La phytothérapie, on l’utilise depuis Néandertal !
Figurez-vous que la plaque dentaire, ce tartre que l’on fait décaper par le dentiste, est une mine de renseignements pour les scientifiques. C’est dans celui d’humains préhistoriques de Néandertal (entre 42 000 et 50 000 ans avant nous...) que des scientifiques ont pu trouver des preuves de l’automé- dication des cavernes ! Une équipe de l’université d’Adélaïde, en Australie, a ainsi « fait parler » les dents d’humains néandertaliens belges et espagnols. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature. On y apprend que les Belges mangeaient du mouton laineux, du rhinocéros et des champignons tandis que les Espagnols étaient plutôt végétariens (outre les champignons, ils savouraient de la mousse, des écorces et des pignons de pin). Une autre information a surgi de ces vieilles dents : l’un des humains avait un abcès dentaire et les signes d’une infection par un parasite... Or, on a retrouvé dans son tartre de l’ADN de peuplier riche en acide salicylique (l’ancêtre de notre aspirine), mais aussi de Penicillium, qui pose la question de l’utilisation de champignons comme antibiotiques dès la préhistoire !
Rebelle-Santé N° 199	7


































































































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