Page 26 - Rebelle-Santé n° 209
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LA CHRONIQUE
de Pınar Selek
Idéal de beauté : Jacob van Loo, Couple d’amoureux, 1650
Une discrimination invisible...
Parlons de la grossophobie
Les goûts se construisent socia- lement. Les concepts de beau- té évoluent aussi selon les con-
textes historiques, se contredisant parfois. Regardez ces deux amou- reux de Jacob van Loo... Ils reflètent l’idéal de beauté du XVIIe siècle.
Dans le pays où j’ai grandi, mais aussi dans tout l’Orient, on aime la rondeur naturelle. Sans doute influencée par ce contexte, j’ai toujours apprécié d’être un peu ronde, tout en essayant de garder de la légèreté, de ne pas être en
« surpoids », ne serait-ce que pour ma santé. Et ce n’est pas facile. Heureusement, j’ai la chance de pouvoir manger sain et bouger dans la nature. Mais est-ce le cas de tout le monde ? Qu’en est-il de celles et ceux qui ont des condi- tions de vie plus difficiles ? Je ne parle pas des plus pauvres, mais simplement des « travailleurs de classe moyenne », ces personnes qui vivent en ville, qui ont une famille, une maison ou une voiture à rembourser, et tant de choses à faire chaque jour...
FACTEURS SOCIAUX DE L’OBÉSITÉ
On ne naît pas obèse, on le de- vient. Mais qui grossit ainsi ? L’obésité est deux fois plus répan- due dans les catégories sociales les moins favorisées (16,7 % chez les ouvriers, 16,2 % chez les employés) que dans les caté- gories plus aisées (8,7 % chez les cadres supérieurs)1. Entre 2000 et 2012, la part des adultes obèses de plus de 18 ans a progressé de 4,9 points, passant de 10,1 à 15 %, soit près de 7 millions de personnes
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