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NATURE
Saponaire et fraisiers
stagnait. J'ai donné Calcarea phosphorica en 9 CH, qui permet de maintenir la croissance, de manière en- durante. Ainsi, la plante a le temps de faire des fleurs, de nouveaux fruits. Ça fonctionne très bien.
Cela demande une grande écoute du jardin ?
Surtout de la contemplation, ce qui veut dire passer du temps dans son jardin à ne rien faire. C'est sentir avec le nez, avec tout le corps, observer, regarder de près les tiges, les feuilles, les fleurs. C'est aussi sentir ce que l'on peut apporter. À chaque fois que je fonc- tionne dans cet esprit, il y a un résultat, de l'harmonie, et ça pousse.
On est proche de la biodynamie ?
Oui, même si je ne tiens plus compte des calendriers lunaires. Je l'ai fait pendant un temps mais désormais j’agis comme je le sens, à l'instinct. Par exemple, si j'ai un créneau de trois jours, par rapport à la météo et à mon emploi du temps, je vois ce qu’il est possible d’entreprendre au jardin, ce dont j'ai envie. C'est une sorte d'adéquation entre le jardinier, le jardin, et aussi la vie animale variée du bord de la forêt. Il y a des orvets, mes amis crapauds noirs, des petits rongeurs, énormément de lézards et des abeilles solitaires qui viennent se régaler avec les plantes mellifères.
Quelles semences utilises-tu ?
Uniquement des semences libres et reproductibles que je trouve chez des petits producteurs ou des associations (1). J’échange des graines avec des amis
ou des voisins. Cela se transmet aussi de famille en famille. De plus en plus, je récupère mes propres graines. C’est à la fois chronophage et indispensable. Produire ses propres graines permet de renforcer la variété au fil des cycles. Et puis, comme pour le mil- lepertuis, la plante va s'implanter là où c’est optimum pour elle. Donc, même à petite échelle, pratiquer la monoculture ou vouloir un jardin « tout bien rangé » avec chacun sa place, tout bien aligné, c’est clair dans le mental, mais pas cohérent sur le terrain.
Qu'y a-t-il à faire pendant la période plus froide ?
En début d'automne, je récolte les graines, je coupe ce qui est sec pour faire du paillage. Je refais quelques buttes, avec des morceaux de bois pleins de champi- gnons que j’ai laissés à l’air libre et j’ajoute un peu de terreau. J’incorpore de la paille et les déchets végétaux de la maison. En hiver, une fois que j'ai coupé tout ce qui était très sec, je brûle. J'essaye de réduire au maximum le charbon de bois. Je l'étale. Je vais aussi tailler les petits fruitiers, par exemple, vérifier qu'à l'intérieur des cassissiers les branches ne soient pas trop tortueuses et qu'elles ne masquent pas la lumière. Mais je prends surtout soin du sol.
Propos recueillis par Christophe Guyon
(1) Graines Del Païs, Engraine-toi, la ferme de Sainte- Marthe, le jardin de Sauveterre, Semailles.
Plus d’info :
Le site de Catherine Bréant : www.nam-silim.fr
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