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NATURE
Catherine Bréant
Les autres, je les arrose. La différence est au niveau du goût : ceux qui ne sont pas arrosés sont bien meilleurs. Ils ont le goût des framboises sauvages de montagne.
Qu'est-ce qui te guide dans la façon de faire ce jardin ?
C'est beaucoup l'observation. Je n'y connaissais rien au départ, donc j'ai observé. Il y a des végétaux que je voulais planter parce que je les aime, des plantes médicinales que je voulais cultiver parce que je m'en sers ou parce que je les consomme. Petit à petit, en apprenant dans les livres et à travers ce qui se passe dans le jardin, je me suis rendu compte que les mé- dicinales protègent et apportent de la fraîcheur – les plantes respiratoires – aux autres plantes. J’ai joué aussi sur les associations : une plante maraîchère/ une plante médicinale, avec des duos pertinents. Il y a les plantes allèles (amies) comme le basilic pour la tomate, l'hysope pour la vigne. Les framboisiers, par exemple, vont aider à fertiliser beaucoup de choses car c'est leur rôle dans la forêt. C'est pour cette raison que je les laisse s'installer, proliférer. Ils ont une dyna- mique féminine.
Il y a beaucoup de variété dans ce jardin, c’est très riche...
Il y a, par exemple, le millepertuis sauvage, que je voulais installer le plus tôt possible. Je l'ai semé pour pouvoir récolter les fleurs en juin/juillet, pour faire mon macérât huileux de massage. J'ai très vite remar- qué que quand il grainait, il reprenait vraiment par- tout. Du coup, j'en ai dans plein d'endroits du jardin. Je ne m'en occupe pas. Je me contente de prélever les fleurs, abondantes sur le millepertuis. En revanche, avec l'hélichryse, qui est au début du jardin, c’est dif- férent. Elle a une pousse plus lente. Elle se plaît bien
sous le chêne et j’en cueille les fleurs pour un autre macérât. J'ai semé aussi du calendula, le souci, pour ses vertus anti-inflammatoires. J’ai essayé au début le souci officinal qui ne prenait pas du tout. Celui des champs, encore plus dur à faire prendre quand il n'y a pas de terre noire, ne poussait pas non plus. J'ai eu l'idée d’ajouter des plaques d'ardoise pour « faire du noir » et ça a fonctionné. J’ai donc créé un petit enclos à Calendula arvensis avec des chutes d'ardoise.
Il y a aussi des plantes pour les plantes...
C’est le cas de la rue fétide, notamment. C’est un ré- pulsif pour les pucerons trop gourmands, utile égale- ment contre les limaces. Tout ce qui a une odeur forte éloigne les limaces : la sauge, tous les thyms, et tout ce qui est tanique et amer.
Comment se crée cette vision globale entre l'homéopathie, les plantes et l'humain ?
Je ressens ce qui se passe et je choisis le ou les re- mèdes qui conviennent. L'été, quand il y a beaucoup de chaleur et pas assez d’eau, j'utilise du soufre, de la belladone. Les végétaux sont tellement sensibles qu’il faut utiliser de très hautes dilutions, a priori au moins 200 CH. En France, on ne trouve pas de dilu- tion au-delà de 30 CH. J’utilise donc des dilutions en 30 CH, et les résultats sont là. En urgence, si l'on cible le remède, quelle que soit la dilution, cela fonctionne. L'intention joue aussi un rôle. Je l'ai fait avec des cala- mondins que j’avais achetés chez un fleuriste. Je savais qu'ils étaient plein de pesticides. J'ai choisi d'abord du Nux vomica, détoxifiant général, pour éliminer les toxiques. On a mangé les fruits [sorte d'oranges amères, ndlr]. Ensuite, je voyais que la plante continuait à faire du feuillage mais s’essoufflait ou
Rebelle-Santé N° 231 15
© Christophe Guyon