Page 11 - L'AVENTURE DE JABER

L’Aventure de Jaber
DES VOIX se succèdent produisant un vacarme confus. - Sois le bienvenu !
- Le père Mounès est arrivé.
- La lune est apparue.
- Les veillées sont barbantes sans tes récits.
LE CONTEUR, il lève la main et salue tout le monde. - Que le salut de Dieu soit sur vous !
Il avance d’un pas lent, portant dans la main un vieux livre épais.
LES CLIENTS, ensemble et en désordre. - Et que le salut de Dieu, Sa miséricorde et Ses bénédictions soient sur vous !
CLIENT 2.- Par Dieu ! Sans le père Mounès, on ne saurait comment passer la soirée...
LE CONTEUR. - C’est gentil de votre part.
Le père Mounès, un homme qui a dépassé la cinquantaine. Il a le geste lent, son visage ressemble à une page du vieux bouquin qu’il a sous le bras. L’expression de ses traits s’est estompée. On dirait un masque de cire grisâtre. Il a le regard figé ; malgré leur couleur changeante, ses yeux expriment une froide impassibilité. D’une façon générale, l’expression la plus importante qu’on puisse remarquer sur le visage de Mounès, le conteur, c’est l’indifférence totale qu’il va garder presque tout au long de la soirée.
CLIENT 5.- Éteins donc la radio ! Le père Mounès est arrivé.
LE SERVEUR. - On va l’éteindre... on va l’éteindre... Mais laissez donc le père Mounès boire une tasse de thé et se reposer un peu avant de commencer. LES CLIENTS. - Par Dieu ! C’est vrai.
- Un thé pour le père Mounès !
- Apporte-nous du thé à nous aussi !
La chanson baisse puis s’arrête quelques instants après. Le père Mounès prend sa place habituelle, pose le livre sur ses genoux devant les clients qui changent de position et déplacent les chaises pour être face à lui et prêts à l’écouter. Tout se passe de façon naturelle. Le serveur apporte un thé au père Mounès.
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